Les limites de l’enjeu « émission de CO² maitrisée »
En 2015 l’électricité d’origine nucléaire représente 75% du total et l’électricité produite à partir de sources renouvelables 16.6% dont 3% d’origine éolienne, 1% à partir de la combustion de la biomasse et 1% d’origine photovoltaïque, le reste étant d’origine hydraulique . Donc 8.5% seulement de l’électricité produite est d’origine fossile, charbon ou hydrocarbures (pétrole ou gaz). J’en conclue donc que 90.5% de l’électricité produite l’est sans production de CO².
Si on en croit les autres objectifs de la loi de transition énergétique, en 2025 l’électricité d’origine nucléaire ne représentera plus que 50% du total, l’électricité d’origine renouvelable 27% et donc l’électricité d’origine fossile 23%. Compte tenu que la production d’électricité produite à partir de la biomasse (source renouvelable certes mais émettant du CO²), on peut en conclure que 73% seulement de l’électricité produite le serait sans produire de CO².
Si l’objectif était que les émissions de CO² restent au niveau de 2015, cela voudrait dire que 9.5% de la production électrique de 2015 valent 27% de 2025 de la production électrique, en terme d’émission de CO². Cela élimine le charbon, mais aussi le pétrole. Reste le gaz mais il faut que la densité en émission de CO² par watt soit divisée par 3 à consommation électrique globale inchangée ou que la consommation diminue fortement. Or les meilleures centrales ne permettent de réduire l’émission de CO² que de moitié. On voit donc qu’à consommation électrique globalement inchangée l’objectif « émission CO² inchangée » est difficile à atteindre dans le respect des autres objectifs
Mais l’objectif CO² n’est pas le maintien mais la réduction forte (division par quatre) ce qui rend encore plus difficile à résoudre l’équation énergétique de ce point de vue.
La seule solution est alors une forte réduction de la consommation d’électricité. Y est-on prêt ? En tout cas on n’en prend pas le chemin
Sortir du tout nucléaire
Puisque on en est au niveau de consommation d’électricité , examinons un des autres objectifs de la loi sur la transition énergétique : la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique français de 75% à 50%. Là le raisonnement est plus simple . Si on considère que la consommation électrique reste inchangée , cela veut dire que la production d’électricité d’origine nucléaire est diminué d’1/3 ; si on en croit les dernières déclarations de Mme Royal =, cela signifie donc que, si 1/3 de la capacité nucléaire devient obsolète d’ici 2025, on ne construit aucun nouveau réacteur. Pour en construire 1 seul, il faudrait donc arrêter plus du tiers des réacteurs actuellement en activité. Quand on voit la difficulté à fermer Fessenheim, on voit que l’arithmétique est rude pour les projets ministériels.
Evidemment, il y a l’autre option : on maintient la capacité nucléaire de la France parce que d’une part, on ne sait pas arrêter les centrales actuelles et que d’autre part, il faut maintenir un niveau d’activité suffisant à la filière. L’objectif de 50% d’origine nucléaire induit donc que la consommation d’électricité augmente de 50% (en effet si 75 %P15= 50%P25, alors P25=75/50 P15). Une telle augmentation est toujours possible mais rend très improbable l’atteinte de l’objectif « moins de CO² » sauf à modifier le mix électrique en investissant massivement dans les énergies d’origine renouvelable. Là aussi l’arithmétique est implacable. A CO² égal, cela induit que l’électricité d’origine fossile reste inchangée en volume donc diminue d’un tiers en proportion. Cela donnerait le mix énergétique suivant : nucléaire à 50%, électricité d’origine fossile 6% environ et donc l’électricité d’origine renouvelable pour le solde c’est-à-dire 44% . Compte tenu du fait que la consommation aurait augmenté de 50% dans cette hypothèse, cela veut dire une augmentation en volume de cette source d’électricité de près de 300 %. Encore convient-il de noter que dans ce quadruplement de la production d’énergie renouvelable comprend aussi l’énergie hydraulique. Compte tenu des réticences à voir se multiplier les barrages (Sivens n’est pas un cas unique), cela veut dire qu’en l’état actuel des sources d’énergie disponibles, le volume cumulé de l’éolien et du photovoltaïque explose littéralement puisqu’il serait multiplié par 11. C’est souhaitable mais on n’en prend pas le chemin.
L’arithmétique est parfois une discipline politiquement redoutable. Et encore j’ai simplifié
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