L’honneur d’une nation

« Il est bon qu’une nation soit assez forte de tradition et d’honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons de s’estimer elle-même. »
Albert Camus in Avant-propos de « les Chroniques algériennes »/ 1958

« Qu’elle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant. »
Albert Camus in « les Chroniques algériennes » /1936-1958

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Gillotiné avant procès

« Le quinquennat sera écologique ou ne sera pas ! »

C’était sans compter sur l’opiniâtreté de celui qui dirige Bercy depuis 7 ans déjà et à qui nous devons donc tous les bonheurs et tous les malheurs de l’économie française. Sa hantise semble être l’écologie, assumant ainsi sa filiation avec sa famille d’origine dont le patron dit un jour : »l’Ecologie, ça commence à bien faire ! ».

Et d’ailleurs, il a commencé à en instruire le procès mais en respectant les règles de droit et les droits de la défense. C’est un peu le sens du travail mené par un des bureaux de la Direction du Trésor https://acteurspublics.fr/Bercy s’attaque officiellement à l’estimation du financement de la transition écologique 7 mai 2024, 15:05, mis à jour le 8 mai 2024, 08:49. Le procès est donc en cours et au vu des premiers éléments de l’enquête, il semblerait bien que le prévenu, non seulement ne soit pas condamné, mais en plus qu’on lui accorde dans l’avenir une position enviée dans le cadre de la planification écologique. Ce serait une belle réhabilitation.

Hélas, il semblerait que le très libéral Pinocchio de Bercy ne connaisse pas le sens du mot « planification ». S’il l’avait connu, il aurait su que la planification est une action de longue haleine dont il convient de ne pas rater les premiers pas. Il aurait su aussi, et c’est là un héritage de la grande époque de la planification à la française ( quand les hauts fonctionnaires savaient ce que planifier voulait dire), qu’une planification réussie est celle qui allie harmonieusement financement public et financement privé et que cette harmonie vient de ce que l’Etat montre l’exemple et mise ses propres deniers en premier.

Or qu’a fait Pinocchio de Bercy et que s’apprète-t-il à faire ? Si j’en crois les rumeur, en deux étapes, il aura ainsi décapiter le principal budget qui aurait dû servir de levier financier https://www.lesechos.fr/Economies budgétaires : au moins 1 milliard d’effort supplémentaire pour le ministère de l’Ecologie Publié le 7 mai 2024 à 17:58Mis à jour le 7 mai 2024 à 18:18. Sûrement trouvera-t-il des pirouettes sémantiques pour expliquer que ses budgets « énergie », « développement des entreprises » compensent largement. Ce sera peut-être avoir une vision un peu trop extensive du concept de planification écologique.

A tout le moins, peut-on dire pour reprendre les éléments de langage de cet autre article d’Acteurs Publics, https://acteurspublics.fr/“Sur l’écologie, les acteurs publics ne peuvent être à la fois décideurs, managers et experts” 7 mai 2024, 11:37, mis à jour le 7 mai 2024, 15:15, si les hauts fonctionnaires se sont appropriés le problématique, il serait bon qu’ils donnent quelques cours du soir à leur ministre qui manifestement a préféré, ces temps derniers, consacrer ses longues soirées d’hiver à une autre passion, la littérature. Hélas ! ……Pour la littérature aussi !

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Quelques réflexions sur ce paradoxe du capitalisme

Ce n’est pas la première fois que je vous parle de ce phénomène qui consiste , pour une société cotée en Bourse, à utiliser ses bénéfices pour racheter ses propres actions. Mais le mouvement est en train de prendre de l’ampleur et ne semble pas vouloir s’éteindre https://www.lesechos.fr/Après le record d’Apple, retour sur cinq méga-programmes de rachat d’actions Publié le 3 mai 2024 à 16:09Mis à jour le 3 mai 2024 à 16:30.

Cela m’amène à quelques réflexions sur le fonctionnement actuel du système capitalisme .

En premier lieu, je voudrais vous dire quelle est l’image que m’inspire cette pratique. Elle vient de mes lectures d’enfance et plus particulièrement de Hergé « Tintin et l’oreille cassée ». Le jeune reporter-explorateur, confronté à un gigantesque serpent, s’en débarrasse en lui fourrant dans sa gueule, sa propre queue. Cette image me fascinait de l’animal se dévorant lui-même et je me demandais comment cela se terminerait.

C’est un peu ce que vivrait le système capitaliste si, d’assemblées générales en assemblées générales, les actionnaires votaient le remboursement de leurs propres actions. Il arriverait bien un jour où le dernier actionnaire déciderait se se rembourser sa dernière action. Et que resterait-il alors ? Une organisation qui, au fil des décennies auraient accumuler suffisamment d’excédents pour se passer du concours extérieurs des apporteurs de capitaux qui avaient fait sa prospérité.
Du coup, cela poserait deux problèmes intéressants : puisque jusque à présent, l’entreprise en tant que tel n’avait pas de personnalité juridique propre et n’existait qu’au travers de la société et de ce fait appartenait , via celle-ci à ceux qui l’avaient financé.
La première question est : quelle sera dès lors la nature juridique de l’entreprise sans actionnaire, ni associé, ni adhérent, ni coopérateur ?
La deuxième qui en découle serait : mais à qui donc appartient-elle ?
Tout ceci se résumerait à la question suivante : devant qui les dirigeants de cette entreprise sont-ils responsables ? Ce qui poserait immédiatement la question de leur légitimité ?
Voici la première volée de questions que poserait un buy-back poussé à ses limites extrêmes.

Evidemment, cette mise en perspective donne le vertige à certains qui en remettent en cause la nécessité.

Ils la remettent en cause essentiellement au nom de l’efficacité économique. A un moment où, un peu partout dans le monde, les gouvernements et les entreprises sont à la recherche de sommes gargantuesques pour financer la nécessaire adaptation de l’appareil économique aux conditions nouvelles qu’imposent les changements climatiques et le rétablissement des équilibres écologiques de la planète, il aurait plus efficace que ces sociétés en question utilisent les excédents qu’elles viennent d’accumuler sur une année pour financer leur propre développement dans un sens plus vertueux.
Mais dans certains cas, dont celui justement de Apple, cela est problématique puisque tout le développement de cette firme est justement fondé sur un modèle industriel prédateur des ressources de la planète.
Cela, par contre, ne devrait pas poser de problème à une entreprise comme Total, surtout depuis qu’elle est devenu « Energies » ; ce ne sont pas les projets de diversifications énergétiques qui manqueraient. Mais, par atavisme surement, inexorablement son mix énergétique ressemble au pâté d’alouettes moitié-moitié, c’est à dire une alouette pour un cheval, où le pétrole et le gaz jouent encore le rôle du cheval et TOUTES les énergies renouvelables celui de l’alouette.

Mais à cette objection, les défenseurs du système ont trouvé la parade https://www.lesechos.fr/Eloge des rachats d’action Publié le 7 mai 2024 à 07:29Mis à jour le 7 mai 2024 à 07:34 . Le buy-back est en fait une méthode très vertueuse puisque la trésorerie ainsi dégagée permet aux investisseurs de venir au secours de nouvelles activités. Le raisonnement serait vrai s’il était corroboré par les faits.
Or il est patent que dans le domaine de la transition écologique, les financements manquent et les 1.100 milliards de dollar qui ont été restitués aux actionnaires lors des rachats d’action se sont un peu évaporés en cours de route.
Le système, s’il veut se pérenniser, doit donc trouver les moyens de tenir les promesses qu’ont fait miroiter ses plus ardents défenseurs.
La meilleure incitation étant souvent le porte-monnaie, les Etats auraient peut-être intérêt à pénaliser la pratique du rachat d’action, en imposant particulièrement lourdement ce revenu complémentaire quitte à créer parallèlement une exonération pour tout investissement dans les secteurs qu’ils considèreraient comme indispensables à la transition écologique de leurs économies.

Accessoirement, le rachat d’action pose une question intéressante, et amusante, concernant la pratique qui consiste à mesurer la performance d’une entreprise à l’importance de ses levées de fonds. Toutes « ces jeunes pousses » qui portent des noms d’animaux réels (gazelles) ou mythiques (licornes) ne doivent leur réputation qu’à la valorisation, au prix du marché, des actions qu’elles ont émises.
Si on applique ce raisonnement aux entreprises bien installées, cela voudrait dire que toute société qui rachète ses propres actions perd de la valeur puisque, à cours de bourse identique, elle valent moins cher, le nombre d’actions ayant diminué. Ce n’est pas le moindre paradoxe de ce système.

Mais rassurez-vous, tout ceci n’est qu’un scénario catastrophe : jamais une assemblée générale de société ne votera la revente de tout son capital, car il y a un autre élément qui entre en ligne de compte lors du vote et c’est le pouvoir qui est attaché à la possession de ces titres. Et l’appétit de pouvoir est parfois aussi fort que le goût du lucre, si ce n’est plus.

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Envisager la transition sans tabou, ni totem

Toutes les périodes de transition (les plus radicaux parlent ici de bifurcation) sont autant de moments de grande hésitation, où la plupart des certitudes sont remises en question. L’intérêt d’une position aussi inconfortable est que, du coup, toutes les possibilités deviennent autant d’options dont on ne peut éliminer aucune

La transition écologique que nous avons abordé est de celles-là et les sujets qu’elles véhiculent sont loin d’être mineurs.

Le sujet qui semble obnubiler actuellement les médias et qui, de ce fait, finit par nous angoisser est le carbone, ses excès d’émission et la difficulté à les réduire. Il est vrai que l’enjeu ne serait rien moins que l’avenir d’un modèle économique qui a fait la prospérité, pendant un petit siècle, d’une minorité de l’Humanité et nourrit encore les rêves de la majorité.

Beaucoup d’efforts sont ainsi déployés pour faire en sorte que le volume des émissions diminuent, y compris en mettant en œuvre des processus dont les conséquences peuvent à terme être pire que le statu quo, comme par exemple le recours massif au nucléaire ou le remplacement intégral des moteurs thermiques par les moteurs électriques partout où cela est possible. Cela s’appelle choisir entre deux inconvénients.

Mais il restera toujours des activités humaines qui produiront du CO². Il fallait donc trouver les moyens d’éliminer ce maudit carbone. C’est à cette question que s’attaque cet article https://www.novethic.fr/Aspirer le CO2 dans l’air : pourquoi l’élimination du carbone ne doit plus être taboue Publié le 7 mai 2024. Il identifie 6 solutions majeures dont aucune ne sera la panacée mais dont aucune ne peut être évacuée d’un revers de main. Par contre s’il est admis que ces solutions sont à aborder sans tabou, aucune d’entre elles, pour autant, ne mérite d’être érigée en totem et la meilleure option sera d’en faire un mix dont on évaluera l’efficience de chacune des composantes en fonction des circonstances spécifiques à chaque implémentation.

Les débats qui ont lieu autour de ce projet de loi -projet-de-loi-dorientation-pour-la-souverainete-agricole dit « d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture » sont déjà animés. Compte tenu des enjeux, il eut été préférable d’en simplifier l’intitulé et ne parler que de loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement de l’agriculture (LOSARA). En effet, compte tenu de l’impasse où se trouve actuellement le modèle agricole, il ne servirait à rien de favoriser le remplacement des générations partantes si, dans le même temps, on ne favorise pas une bifurcation (les plus modérés parleront de transition) du modèle agricole dans son ensemble.
Cette mutation doit être menée sans a priori, sans faire l’impasse sur aucune piste, ni ériger l’une d’entre elles en solution miracle.
Toutefois, il faut avoir à l’esprit que pèse au-dessus du modèle agricole, quelle que soit la forme qu’il prendra, l’hypothèque de sa soutenabilité, ce qui exclut d’emblée les options dont la finalité serait de perpétuer, voire en en amplifiant les effets, le modèle productiviste. C’est du moins l’option qu’ont prise les auteurs de cet article https://theconversation.com/Les sept familles de l’agriculture durable Publié: 10 mai 2024, 10:17 CEST. Les 5 graphiques qui l’agrémentent montre que chacune des options qu’ils présentent,
*l’agriculture biologique,
* l’agriculture régénérative,
*l’agriculture de conservation,
*l’agriculture climato-intelligente,
*la biodynamie,
*la permaculture
* l’agroécologie.
présentent toutes des avantages plus ou moins grands selon l’objectif recherché par chaque exploitant et le contexte écologique dans lequel se situe son exploitation.

Ceci illustre assez parfaitement ce que les Chinois et les Japonais entendent lorsqu’ils disent que « crise » et « opportunités » sont des quasi-synonymes. On retrouve là aussi les enseignements de l’évolution darwinienne où chaque espèce fait ses propres essais pour assumer une transition inéluctable. Parfois ça marche, parfois ça rate mais l’essentiel est d’avoir explorer toutes les opportunités nouvelles. ET en fin de compte, seule la solution la mieux adaptée à la situation subsistera et c’est ainsi que les espèces ont subsisté…ou disparu.

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Une oligarchie à la française?

Nous nous offusquons de la proximité entre le pouvoir politique et les puissances économiques en Russie, dans un système que nous stigmatisons sous le terme « d’oligarchie ». Nous nous scandalisons des accointances très fortes existant entre le parti communiste chinois et les milliardaires qui pilotent les nouveaux monstres économiques mondiaux.
Nous trouvons scandaleux en effet ces rapprochements pervers entre le pouvoir politique et le pouvoir économique, l’un se servant de l’autre et réciproquement.

Et pourtant, à y regarder de plus près, en sommes-nous si éloigné que ça ?

Pour éclairer cette question, je prendrais trois exemples tirés de l’actualité de ces derniers jours.

Le premier concerne une coopérative agricole qui, comme beaucoup de ces coopératives, sont nées dans les campagnes en périodes de crise pour protéger les intérêts vitaux des agriculteurs. Comme certaines d’entre elles, elles se sont crues plus grosses que le bœuf et celle-ci, en l’occurrence, est même devenue une multinationale, ayant des filiales un peu partout dans le monde.
Son impact sur son territoire d’origine reste cependant très prégnant comme cela arrive souvent dans ces terroirs qui ont abandonné une polyculture traditionnelle pour une monoculture, plus lucrative pour la « coopérative » et accessoirement pour les coopérateurs https://reporterre.net/Comment le semencier Limagrain a rendu dépendants les agriculteurs du Puy-de-Dôme 10 mai 2024 à 09h34 Mis à jour le 11 mai 2024 à 09h30.
Sa grande force est d’avoir su s’allier avec les services de l’Etat à une époque où le mot d’ordre était le productivisme à tout prix et l’appui sans faille de l’appareil d’Etat a permis ainsi l’émergence de son pôle d’excellence https://reporterre.net/Comment la coopérative Limagrain a bâti un empire du maïs avec l’aide de l’État 11 mai 2024 à 09h19.
Il semblerait cependant qu’une partie du modèle ait atteint ses limites. Je ne parle pas ici des OGM dont la pérennité n’est peut-être pas si assurée que certains le croient; non, je veux parler de cette monoculture du maïs qui, compte tenu des changements climatiques, sera de moins en moins soutenable par manque d’eau.
Ceci explique donc le forcing exercé pour faire accepter ces projets https://www.ouest-france.fr/Projet de bassines dans le Puy-de-Dôme : quatre questions avant le rassemblement organisé ce samedi Publié le 11/05/2024 à 06h00. Certes la « coopérative » n’est pas en première ligne mais c’est clairement grâce aux liens qu’elle a tissé avec les pouvors publics locaux et nationaux que de tels projets peuvent ainsi s’exposer sans vergogne pour le plus grand profit de la « coopérative ».

Le second exemple concerne une autre coopérative agricole, ou du moins ce qui y ressemble un peu https://splann.org/COPAINS COMME COCHONS : ÉLUS, ÉLEVEURS OU ÉCRIVAINS, QUI SONT LES LOBBYISTES DU PORC EN BRETAGNE ? 6 MAI 2024. Ici, il convient de souligner la qualité de l’enquête menée par les journalistes de Splann !. Les graphiques qui illustrent cet article montrent bien à quel point les liens entre agri-industriels, élus locaux, élus nationaux et chambres consulaires sont étroits et drus. Cela explique que ces Bretons sont fiers de dire que la Bretagne héberge plus de cochons que de Bretons. Cela explique aussi que la plupart des cours d’eau soient pollués, que la moindre anse littorale devienne un pourrissoir à algues vertes, cette peste moderne qu’on arrive pas à éradiquer malgré les plans successifs de réduction depuis plus de 20 ans. Cela explique enfin que, malgré des décisions contraires des tribunaux, des projets écocides puissent démarrer sans que les pouvoirs publics ne bougent.

Le troisième exemple est plus flagrant puisque c’est l’entreprise elle-même qui avoue le méfait https://www.novethic.fr/A69 : les laboratoires Pierre Fabre reconnaissent financer le projet d’autoroute Publié le 16 mars 2024. Elle a financé une infrastructure pour ses seuls intérêts et cela malgré l’opposition farouche des populations locales. On découvre ainsi que l’opiniâtreté des opposants a trouvé face à elle une obstination tout aussi grande de l’Etat en grande partie parce que les liens familiaux entre cadres dirigeants et élus nationaux l’imposaient, y compris lorsqu’il a fallu enquêter sur d’éventuels manquements.

J’aurai pu multiplier les exemples de même nature, dans la production d’agro-carburants, dans le commerce mondial des vins et spiritueux, dans la production d’énergie ou que sais-je encore. J’aurai retrouvé toujours le même schéma ou presque : la mobilisation d’une coalition d’élus et de structures publiques sur un territoire donné pour protéger ou promouvoir des intérêts particuliers, avec parfois des effets en retour pour les membres de ces coalitions. Ce qui peut surprendre ici est que justement aussi bien les élus que les organismes publiques ont pour vocation de défendre l’intérêt commun qui ne sera jamais la combinaison des intérêts particuliers aussi puissants ceux-ci soient-ils.

Au fait, quelle est l’étymologie du mot oligarchie, puisque c’est cela le sujet de cet écrit ? Comme souvent, il faut aller voir chez les Grecs qui nous apprennent que « oligo », cela veut dire « petit » ou « peu » et garchie fait référence à la notion de gouverner. C’est bien de cela dont il s’agit, le gouvernement de tous par quelques uns et je rajoute, au profit principal de ces quelques-uns.

Dorénavant quand nous fulminerons sur les oligarques, ayons ces quelques exemples en tête afin de ne pas oublier que la paille dans notre oeil fait aussi mal que la poutre que nous voyons dans l’oeil de nos voisins.

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Petite chronique de la fraude ordinaire du mois d’avril 2024

Il n’y a pas eu de grandes révélations en ce mois d’Avril, de grandes enquêtes journalistiques type « Panama papers », mais un successions de petites informations qui prouvent que frauder est atavique à l’être humain.

Banal

Et une fois n’est pas coutume, je ne commencerai pas par la France mais par nos cousins québecoishttps://www.lapresse.ca/Lutte anticorruption Publié le 2 avril à 5h00 (heure québecoise). Le cas est classique : c’est un mec qui présente un faux CV, des fausses références pour s’introduire et après c’est son savoir-faire baratineur qui fait la différence. On en trouve partout, c’est pourquoi son cas à sa place dans cette chronique de la fraude ordinaire.

La technologie bouleverse nos rapports sociaux mais pour autant l’esprit humain reste le même et là où il a échange, il y a tentation de truanderie. Ceux qu’on appelle les « influenceurs » n’échappent pas à cette règle. Leurs petits arrangements avec la réalité ou avec l’honnêteté sont ici gentiment qualifiées « d’anomalies » https://www.letelegramme.fr/Pratique des influenceurs : un sur deux « en anomalie », selon des contrôles Le 03 avril 2024 à 18h47 mais ce sont bien réellement des petites arnaques.

Il semblerait que dès qu’il y a de l’argent public qui circule, il est des endroits où la fraude fleurit https://www.euractiv.fr/La fraude au Fonds de relance italien risque de se répéter, avertit le président de la Cour des comptes européenne publié le 9 avril 2024 à 8:06 (mis à jour: 8:07). Est-ce une tournure d’esprit particulière ou bien une certaine faiblesse des barrières sociales ?

Systémique

Je n’ai toujours pas compris à quoi servaient les crypto-monnaies dans la vraie économie, mais il est évident qu’il s’agit là d’un vecteur commode pour toutes sortes de spéculations https://www.lemonde.fr/Le « halving », ou quand le bitcoin orchestre sa propre rareté Publié le 10 avril 2024 à 05h45, modifié à 08h57. Eh ! Oui ! La spéculation nait toujours d’une rareté. Quand elle est organisée, cela devient un système condamnable !

ne pas se tromper de combat

Qui parle de fraude, parle nécessairement de lutte anti-fraude. Une fois de plus Bercy se veut à la pointe du combat et se veut particulièrement efficace https://www.lesechos.fr/Le nouvel arsenal antifraude concocté par Bercy Publié le 2 mai 2024 à 07:00Mis à jour le 2 mai 2024 à 08:26. Certes, ce n’est pas bien de tricher sur les déclarations salariales ou ses déclarations d’impôts mais il est bien pire de le faire avec la bénédiction du législateur https://www.lesechos.fr/Fraude fiscale « CumCum » : des parlementaires remontent au créneau Publié le 3 mai 2024 à 06:10Mis à jour le 3 mai 2024 à 08:27Et les parlementaires ont bien raison de relancer les investigations sur ce mécanisme qui permet à des foules d’actionnaires de frauder légalement le fisc en lui dissimulant les dividendes qu’ils perçoivent, avec la complicité de banques françaises et la mansuétude de certains Etats

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Le péril chinois

L’Empereur du Milieu vient de terminer sa tournée d’inspection sur ses marches occidentales. C’est peut-être le moment de faire le point sur une décennie de relations sino-européennes.

J’ai eu la curiosité de fouiller dans mes archives et de retrouver des petites revues de presse datant d’une dizaine d’années. J’y ai découvert que, en 2012 dans les vallées lorraines on s’apprêtait à accueillir à bras ouverts un pôle d’affaires de 300 entreprises chinoises car cela allait générer 3.000 emplois. Cela fit long feu puisque 3 ans après on n’en parle plus, mais l’essentiel avait été fait. Pour le Mosellan moyen, le Chinois avait remplacé l’Américain comme sauveur de l’économie locale.

Mais je ferme cette parenthèse pour présenter cette revue de presse

Petite revue de presse de fin janvier/ début février 2012

Au début de l’année 2012, c’est à dire juste avant la campagne électorale qui devait opposer au second tour Nicolas Sarkozy et François Hollande, voici ce qu’on pouvait lire dans la presse
https://www.latribune.fr/Protectionisme chinois : Barnier prépare la riposte européenne 29 Jan 2012, 16:39 Douze ans après, un autre commissaire européen français nous parle de la fin de la naïveté. Belle riposte !
https://www.latribune.fr/La Grande-Bretagne profite de la crise de la zone euro pour séduire les Chinois 29 Jan 2012, 10:28Là aussi, cela trouve un écho dans l’actualité de 2024 comme on le verra plus loin. Jouer des divisions est aussi vieux que les leçons de tactique de Sun Tzu !
https://www.latribune.fr/Auto : la Chine confirme la fin des mesures de soutien aux constructeurs étrangers30 Jan 2012, 10:18Bédamme ! Une fois que l’implantation est faite, que les savoir-faire ont été récupérés, pourquoi voulez-vous que la Chine continue à aider des entreprises qui, comme on va le voir, vont devenir concurrentes de ses propres entreprises, issues de ce transfert de technologie ?
https://www.lepoint.fr/Hermès installe Shang Xia à Paris 06/02/2012 Là, c’est très fort. L’effet d’annonce est sublime : une entreprise du luxe français servant de cheval de Troie à l’artisanat de luxe chinois, l’image n’est pas banale et elle va servir car cette arrivée sera annoncée à de multiples reprises sans que j’en trouve de trace dans l’actualité des dernières années. Encore un coup de bluff, histoire de faire naître des images !
https://www.latribune.fr/La Chine multiplie ses investissements en Europe05/02/2012 | 09:51 A l’époque, on craignait un raz de marée. Depuis les flux ont été multipliés par 4 ou 5
http://www.lemonde.fr/La Chine, bientôt premier marché pour les exportations européennes ? 06.02.12 | 09h38 On en rêvait ! Et l’utilisation de ce verbe n’est pas anodine ! Shanghaï ne doit pas désespérer Billancourt aurait dit J-P Sartre !

mais on trouvait aussi cela dans cette revue de presse et c’était bien moins innocent

https://www.lemonde.fr/Comment la Chine développe son armée à marche forcéePublié le 17 février 2012 à 20h29, modifié le 17 février 2012 à 20h39 L’effort a donc démarré il y a plus de 10 ans ; nous le savions donc et portant il aura fallu que la guerre soit aux portes de l’Europe pour qu’un chef d’Etat européen commence à parler de « réarmement ». Sans être belliciste, être bien armé est une nécessité dans un monde dangereux, la neutralité suisse est là pour illustrer ce propos
https://www.latribune.fr/Les Chinois sèment la zizanie entre EDF et Areva 16/02/2012 | 16:42 C’est bien calculé de créer une rivalité entre celles qui étaient à l’époque les joyaux de la politique industrielle étatisée française. Que le sujet soit (déjà) une centrale nucléaire au Niger prend un relief particulier dans le contexte géopolitique africain actuel, d’autant que le projet n’a jamais vu le jour !
http://www.latribune.fr/US-Chine: les accords se multiplient dans les cleantechs 14 Févr 2012, 9:30 Il est savoureux d’apprendre là que le chimiste américain Du Pont transférait à des petites entreprises chinoises des savoir-faire importants dans le domaine des panneaux solaires. Les élèves ont supplanté le maitre. On y apprenait également qu’Alsthom montrait à d’autres petits Chinois les rudiments ddu captage de carbone. Depuis…
L’industrie auto chinoise cerne l’Europe (référence média perdue) Dommage que je ne retrouve pas les références de cet article mais on y apprend que dès 2012, des entreprises chinoises inconnues installaient des usines de montage de voitures rustiques tout autour de la Méditerranée, pour le marché africain et, la date est à retenir, on annonçait pour 2013 l’installation de la première usine de montage de voitures chinoises en Europe en Bulgarie. Son nom est tout un programme Great Wall, la Grande Muraille.

Aujourd’hui les sujets qui sont abordés lors de la tournée de l’Empereur du Milieu sur ses frontières de l’Ouest sont d’un tout autre ordre

certes on parle toujours de ceci
https://www.ouest-france.fr/La Chine finance une ligne ferroviaire de plus de 500 km au cœur du Sahara, que cache ce projet ? Mais cela devient banal. Il n’y a pas de mois sans qu’on ne parle d’une infrastructure, port, pont, autoroute financé et construit par les Chinois en Afrique, dans les Balkans ou en Amérique Latine. Cet effort n’est JAMAIS sans contrepartie
https://www.lesechos.fr/Pékin fait de la Serbie son cheval de Troie en Europe Publié le 7 mai 2024 à 07:20 A ce stade, il n’est plus question d’un cheval de Troie mais de toute une écurie car on pourrait y rajouter la Hongrie, la Grèce, voire même l’Italie qui n’a toujours pas renié son adhésion aux nouvelles routes de la soie.
https://www.lesechos.fr/L’appétit chinois pour les ports européens suscite des inquiétudes croissantes Publié le 6 mai 2024 à 09:41Mis à jour le 6 mai 2024 à 14:49 Il serait temps de s’en rendre compte, Le Pirée est devenu chinois grâce au FMI; c’est une des conséquences les plus douloureuses de la crise de la dette publique grecque. Quand même, les anciennes puissances coloniales, Angleterre, Pays-Bas, Portugal et France devraient se souvenir que leurs empires coloniaux se sont bâtis en partant des ports, les fameux comptoirs.

mais il est de plus en plus question de cela

https://www.ouest-france.frCe hacker a failli prendre le contrôle d’internet, un plantage mondial est-il à redouter ? Publié le 15 avril 2024 On a du mal à imaginer un hacker chinois travaillant tout seul dans son coin, à l’insu de la police électronique du gouvernement chinois car la réalité de la société chinois ce serait plutôt ceci https://www.ouest-france.fr/La surveillance numérique est omniprésente en Chine, voici comment les citoyens y font face et les réactions des citoyens chinois font étrangement penser aux réactions des personnages de « 1984 » ou du « meilleur des mondes » https://usbeketrica.com/En Chine, des jeunes se trouvent de meilleurs parents sur les réseaux sociaux – 11 avril 2024. On s’est beaucoup moqué du réseau Tik-Tok au début se gaussant de la débilité des échanges qu’on y trouvait. Et puis devant la popularité croissante du modèle, on a fini par s’apercevoir que cela participait de la stratégie de décervelage menée par les idéologues chinois. Le pire dans l’histoire est que cette idéologie semble avoir gagné les dirigeants des autres réseaux sociaux (ils étaient peut-être déjà perméables, à vrai dire) https://usbeketrica.com/Quel futur pour Facebook après la suppression de son outil de suivi de la désinformation ? – 8 April 2024. Toujours est-il qu’une fois de plus l’Union Européenne est sur la défensive https://www.lesechos.fr/Européennes 2024 : l’UE déploie toutes ses forces pour lutter contre la désinformation Publié le 8 mai 2024 à 15:29Mis à jour le 8 mai 2024 à 19:39et ici il ne s’agit plus de commerce mais bien de modèle de société et de choix d’un régime politique. Espérons que ce sera plus efficace que la « riposte » de Barnier.

A propos de riposte, voilà peut-être une raison d’espérer https://www.revolution-energetique.com/Panneaux solaires : voici la stratégie indienne pour se défaire du monopole chinois 10 Mai 2024. Je n’aime pas, à vrai dire, le régime politique indien actuel mais il y a des chances que leur riposte marche et cela pour une bonne raison, l’Inde est peu dépendante de l’économie chinoise compte tenu de cette concurrence hostile ouvertement assumée par les deux pays depuis quelques décennies.

Se déprendre d’une dépendance de plus de deux décennies va par contre être dur pour l’Europe. Son modèle politique pourra-t-il résister à l’épreuve ? L’enjeu est d’autant plus grand que maintenant les choses sont devenues claires : il ne s’agit plus d’une compétition commerciale mais bien d’un conflit politique entre deux façons de concevoir le monde et la vie en société https://www.la-croix.com/Guerre en Ukraine : la France est-elle trop naïve par rapport à Pékin ? le 07/05/2024 à 05:45.. Il serait temps, en effet, de cesser d’être naïf. En l’occurrence, la Russie n’est que l’auxiliaire de la Chine dont le rôle est de fixer les Européens pendant que la Chine elle -même s’occupera de son adversaire principal, les Etats-Unis.

Quan je vous disais que l’Empereur venait de visiter les marches occidentales de son Empire, ce n’était pas qu’un effet de style !

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Mes brèves de la semaine du 6 au 12 mai 2024

La vraie simplification administrative

Le Journal Officiel de la République Française a publié l’un après l’autre ces deux décrets qui concerne en fait la même personne
34 Décret du 3 mai 2024 portant cessation de fonctions et nomination par intérim de la commissaire générale au développement durable – Mme COANTIC (Am élie)https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049502671
35 Décret du 3 mai 2024 portant cessation de fonctions et nomination par intérim de la déléguée interministérielle au développement durable – Mme COANTIC (Amélie)
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000049502679
C’est semble-t-il toujours le cas, lorsque que quelqu’un est nommé à l’un des deux postes, il l’est automatiquement à l’autre, même par intérim.
Ne serait-il pas plus simple de considérer que le commissariat général au développement durable et la délégation interministérielle au développement durable sont deux entités et de fonctions complémentaires et n’en faire plus qu’une.
Cela simplifierait les organigrammes et notre compréhension de la gouvernance interministérielle de ce développement durable déjà si difficile à comprendre pour moult hauts fonctionnaires

Le détournement est-il plus moral que la déportation ?

Nous avons été moralement choqué par la décision du Royaume-Uni de déporter vers le Rwanda les étrangers indésirables qui seraient entrés illégalement sur son territoire. Le Rwanda, qui semble être devenu une gigantesque société commerciale l’a accepté contre une confortable rémunération ce qui ajoute au scandale.
Mais alors que faut-il penser de cette initiative de l’Union Européenne si elle va à son terme ? https://www.euractiv.fr/Migration : les États membres s’efforcent de transférer les procédures d’immigration à des États non membres de l’UE le 6 mai 2024 à 8:09 (mis à jour: 9:30)
Est-ce que ce serait plus moral si on les interceptait avant qu’ils arrivent pour les détourner vers des pays qui, moyennant coquette rémunération, accepteraient de les garder en réserve ?
Certes non ! Car cela ne résout pas les questions humanitaires que pose l’arrivée de migrants.
Que ce soit au Rwanda ou en Albanie, quel traitement réservera-t-on à ces déportés/détournés ?
Qu’est-ce qui pousse ces gens à affronter des dangers qu’aucun de nous accepterait d’affronter ? Pourquoi les rejette-t-on, alors que toutes les données démographiques nous hurlent que nous en avons dramatiquement besoin pour faire tourner les soutes de nos économies ?

Comme une métaphore des fautes du capitalisme

Voici un tout petit monde, heureux de vivre, dont les ressources ont été pillées pour le plus grand bénéfice de sociétés commerciales mondiales, qui a bien vécu pendant 50 ans, au-dessus de ses moyens habituels, qui a cru que la corne d’abondance était sans fond, et qui maintenant est sur le point de disparaître, une fois que tout est épuisé https://theconversation.com/Dans le Pacifique, l’agonie de l’île de Nauru Publié: 9 mai 2024, 12:56 CEST. N’est-ce pas en raccourci la vision de ce que sera notre mode si nous ne réagissons pas ? Cela devrait faire écho dans le bassin minier lensois, dans les vallées sidérurgiques de Lorraine, dans les mines désaffectés des Monts d’Arrée, autres lieux métaphoriques d’un système qui dévore ceux qui l’ont nourri.

La responsabilité du charbonnier

On n’est responsable que de ce qu’on maîtrise. Pour le reste, laissons à chacun le soin de s’occuper de ce qu’il revendique être de sa compétence. C’est en quelque sorte ce à quoi nous invite cette réflexion d’un chercheur en sciences managerialeshttps://www.novethic.fr/Inventons un modèle de RSE partenarial, vraiment adapté aux PMEPublié le 9 mai 2024.
Contrairement aux bêtises proférées par le candidat aux européennes le plus en vue, mais pas forcément le mieux informé, la RSE n’est pas une contrainte qui s’impose aux PME ; c’est au contraire un challenge que ces PME se lancent afin d’être meilleures. C’est leur choix, c’est donc leurs règles du jeu qu’il faut appliquer, y compris lorsque leur part de responsabilité s’intrique avec celle de plus grands groupes dont leur activité dépendrait. Voilà un beau champ de recherche pour les chefs d’entreprises et leurs conseils et un magnifique sujet de débat pour des parlementaires européens si demain, il apparaît qu’il convient d’harmoniser ces règles du jeu.

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Mieux vaut en rire-rubrique décidément inépuisable- n°362 : l’allégorie du verre d’eau

Tout le monde connait cette allégorie qui permet de définir les caractères optimistes ou pessimistes alors même que l’eau est à mi-hauteur dans les deux cas.

Voici que deux journaux régionaux viennnet de nous jouer cette allégorie en temps réel et justement sur un sujet aquatique. Jugez-en !

Le premier à dégainer https://www.letelegramme.fr/En Bretagne, les nappes d’eau atteignent des niveaux supérieurs à la normale en ce printemps Le 06 mai 2024 à 17h12est publié à Morlaix c’est à dire dans la partie Ouest de la péninsule et sa préoccupation majeure est de donner une belle vision de la Bretagne tout en ayant des préoccupations écologiques que je qualifierais de « très modérées ».

Ne tarda pas à lui répondre l’autre grand quotidien bretonhttps://www.ouest-france.fr/En Bretagne, pourquoi le niveau des nappes phréatiques est en baisse malgré sept mois de pluie Publié le 07/05/2024 à 07h03 publié lui à Rennes c’est à dire dans la partie orientale de la pénisule et qui manifeste depuis quelques temps une certaine anxiété écologique.

Et tout cela à partir des mêmes données du BRGM !
Qui a raison et qui a tort ? Peut-être aucun des deux.

Tout ce que je sais, c’est que mois d’avril, ou mois de mai, je suis loin de pouvoir faire tout ce qu’il me plait et que vu le temps, je n’ai pas intérêt de me découvrir d’un seul fil.
Mon indicateur personnel c’est mon puits et pour l’instant, il donne, c’est l’essentiel !

Reste alors à adopter la philosophie de cet habitué des comptoirs «  Quand mon verre est plein, je le vide et quand mon verre est vide, je le plains ! »

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France-Chine : la béatitude du cancre

Tout commence par un satisfecithttps://www.lesechos.fr/Le déficit commercial de la France s’est encore réduit au premier trimestre Publié le 7 mai 2024 à 11:19Mis à jour le 7 mai 2024 à 14:35. C’est un peu la joie secrète du cancre qui en fin de trimestre arrive enfin à décrocher un petit 7/20 là où ses résultats le mettaient généralement largement en-dessous de 5.
Certes, ce n’est pas cela qui va sauver sa scolarité mais même cancre, on a bien le droit d’avoir des petites satisfactions. Après tout, cela permet toujours de rêver à un moment ou un autre à une mention au brevet des collèges, faute de mieux.
Dommage que le rédacteur ait conclu son article par le coup de pied de l’âne : «Dans le même temps, ….., permettant à l’excédent commercial allemand d’atteindre 22,3 milliards d’euros. » 

Mais faut-il se réjouir pour autant ? Rien n’est moins sûr. En effet, la visite impériale a vite remis les choses en place https://www.ouest-france.fr/Xi Jinping en France : trois graphiques pour comprendre le déséquilibre commercial avec la Chine Publié le 06/05/2024 à 19h13. Une telle dégelée de statistiques négatives a de quoi doucher le plus indécrottable optimiste. Si la situation de l’économie française est à ce point désastreuse vis à vis d’une des économies les plus dynamiques du monde, cela pose quand même problème.

En France, pas plus qu’en Asie, on n’aime perdre la face. Alors, il a fallu quand même extraire de cette absence de négociation quelques éléments positifs :
https://www.letelegramme.fr/La Chine s’ouvre plus largement aux porcs, volailles et vins français Le 07 mai 2024 à 13h13
https://www.lesechos.fr/Vin, cognac, porc, boeuf, volaille : la France obtient des engagements de la Chine Publié le 8 mai 2024 à 12:05Mis à jour le 9 mai 2024 à 13:22.

Mais de quoi se félicite-t-on en fait ? Vendre des oreilles et des intestins de porc n’est pas sot métier mais franchement s’enorgueillir d’un accord qui va générer un flux d’exportation de 26 millions de dollars lorsque le déficit général culmine à 46 milliards, c’est vraiment se satisfaire de peu. Tirer gloire d’un accord qui ne ferait qu’entériner une règle de bonne pratique internationale, la protection de la propriété intellectuelle, des marques et appellations d’origine, est-ce bien ambitieux ?

Eh bien ! C’est justement à cela qu’on reconnaît le cancre ; il se contente de peu et ses ambitions sont on ne peut plus limitées.

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Les ratées de la souveraineté alimentaire

L’agriculture est un processus industriel comme les autres avec ses intrants et ses effluents. Les médias et les associations défenseures de l’environnement focalisent beaucoup sur ses derniers compte tenu de leur impact sur la santé humaine, animale et végétale. Par contre on parle très peu des premiers sauf quand il s’agit là encore d’atteinte sanitaire (OGM, excès de pesticides par exemple). Or en s’industrialisant, l’agriculture moderne est entrée dans un cycle de production qui a rompu avec les cycles naturels qui la caractérisait depuis que l’humanité a découvert les bienfaits de cultiver des végétaux et d’élever des animaux, ensemble si possible pour obtenir des synergies utiles.

On a donc inventer le recours aux engrais chimiques pour renforcer les apports des engrais naturels fournis par les déchets des productions agricoles (déjections animales, déchets végétaux essentiellement). On a aussi inventer les compléments alimentaires pour renforcer les apports des pâtures naturelles. Tout cela a permis évidemment une forte progression des performances nutritionnelles de l’agriculture, partout où cela a été appliqué et on ne peut l’ignorer.

MAIS

La production d’engrais est une activité très polluante et les sites de production de produits à base d’azote ou d’ammoniac font partie des listes noires quels que soient les critères de cotation (émission de CO², sites Seveso, pollution des eaux, etc..). En outre elle consomme beaucoup d’énergie. Ce sont autant de contraintes que subissent les producteurs nationaux. Tout cela explique cette situation https://www.ouest-france.fr/Et si notre alimentation contribuait à l’effort de guerre russePublié le 07/05/2024 à 18h39. Les Russes se soucient comme d’une guigne des contraintes environnementales et pour eux l’énergie n’est pas un problème et ils en profitent donc. Il existe heureusement d’autres solutions que la solution russe. La situation n’est donc pas désespérée. Encore faut-il avoir le courage d’y aller.

Plus inquiétante est la situation de cette usine https://reporterre.net/La Chine menace une usine agricole française essentielle6 mai 2024 à 15h48 Mis à jour le 7 mai 2024 à 19h04. A priori, elle avat tout pour réussir puisque la substitution de cette molécule aux autres compléments alimentaires permettait de réduire une autre dépendance, au soja OGM brésilien par exemple.
Elle permettait de valoriser une production locale, la betterave dont les débouchés alimentaires deviennent de plus en plus sombres compte tenu de la chasse au sucre dans nos alimentations.
Elle permettait également d’abaisser le coût de production d’autres molécules utiles pour maintenir la relative autonomie une autre filière , les médicaments basiques.
Parler de dumping, alors que c’est une mesure protectionniste (maintien d’un prix d’achat au-dessus du prix mondial) qui explique l’écart de compétitivité avec les produits chinois est un mauvais procès.
Les pouvoirs publics sont alors confrontés à un cruel dilemme, soit sauver le revenu des betteraviers, soit sauver une usine.

Au vu de ces deux exemples, la souveraineté alimentaire apparaît dès lors comme un leurre et, dans le cadre d’une loi d’orientation agricole qui fixerait le cadre pluri-annuel de toute une profession, il pourrait être intéressant de s’interroger sur les façons de sortir de ces contradictions et blocages.

Après tout, la betterave n’est pas une culture atavique du Nord de la France et sans le blocus anglais, jamais Napoléon n’aurait forcé les agriculteurs picards à se convertir à cette monoculture. Les terres du Nord peuvent produire bien d’autres choses que cela. Incidemment, on pourrait étendre cette réflexion à d’autres terroirs à travers le double prisme des méfaits des monocultures sur l’environnement et l’équilibre économique des filières agricoles et des effets, bénéfiques ou maléfiques des changements climatiques.

C’est peut-être dans cette démarche prospective que pourront être trouvées les solutions au mal-être agricole et non dans des protestations hypocrites qui cachent mal les faiblesses du système actuel.

C’est un peu ce que pense aussi la banque Mondiale drastiquement » le système agroalimentaire mondial Publié le 07/05/24quand elle se pose la question au niveau planétaire.

Enfin, la révolution économique en cours n’est pas que technologique. Elle est peut-être aussi culturelle. En effet, il serait peut-être temps de reconsidérer l’échelle des valeurs que nous accordons aux produits que nous consommons. Quand on dépense plus dans des loisirs oiseux qu’en nourriture, que le poste de dépense principale est le logement alors que le maitre mot en matière de consommation alimentaire est « chasse à la vie chère », on se dit que peut-être on marche sur la tête. C’est bien l’un des rares points où je serais d’accord avec ce slogan des juniors de la FNSEA.

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le reporting extra-financier, est-ce vraiment de la paperasse inutile ?

Quand un candidat à une élection européenne s’en prend au reporting extra-financier lié à la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises, c’est vraiment du grand art de la désinformation
[lire ce podcast entre1h43′ 44 » et 1H 44’21 » https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-7-10/le-7-10-du-mardi-07-mai-2024-9733457. ]

En effet, si ce candidat, qui EST DEJA parlementaire européen avait suivi un peu les travaux de l’Assemblée qui le paie, il aurait évité de dire une énorme bêtise.
Tous ces patrons de ETI, PME et même TPE qui en auraient raz le bol de « cette paperasse inutile » ne sont en rien concernés par les deux directives qui imposent ce reporting.
Mais peu importe pour lui la réalité, le principal est qu’il fasse passer ce message de défiance vis-à-vis des institutions européennes et qu’il puisse surfer sur une vague de frustration des petit patrons dont la cause n’a évidemment rien à voir avec l’Europe.
Mais laissons-là ce jeune homme à ses jeux malsains, pour parler de choses sérieuses avec des gens sérieux.

La paperasse a toujours été la hantise des chefs d’entreprise, dont la fonction principale est de produite et vendre, accessoirement d’animer des équipes, mais pas de remplir des formulaires. Et pourtant, s’il est bien des obligations ancrées dans le quotidien de ces chefs d’entreprise, ce sont les obligations comptables.
Or celles-ci ne sont en rien naturelles. S’il y a un lieu dans l’entreprise où la norme fait tout, c’est bien dans ce domaine, où chaque écriture, chaque nomenclature est formalisée. Et pourtant, même s’ils sen plaignent, les chefs d’entreprise n’imaginent plus un instant pouvoir s’en passer.
Or au départ, pourquoi a-t-on imposé ce carcan administratif. C’est parce que deux entités, maintenant on dirait « parties prenantes », l’exigeaient.
Pour les sociétés commerciales, ce furent les actionnaires qui souhaitaient savoir ce qu’on avait fait de leur argent et si le bénéfice qu’on déclarait vouloir leur redistribuer correspondait bien à la réalité. Ce sont eux qui ont imposé que cette compilation de données se fassent de façon standardisée et soit contrôlée par des agents extérieurs, tout d’abord le comptable qui applique les règles et surtout le commissaire aux comptes qui certifie que ces règles ont bien été respectées.
Et puis il y a l’Etat qui, lui, se moquait de savoir à qui appartenait l’entreprise mais voulait savoir quelles étaient les richesses que l’entreprise avait générées pour pouvoir les taxer selon ses propres barèmes. C’est donc en fait pour satisfaire aux exigences de ces « partenaires particuliers » que les chefs d’entreprise acceptent cette contrainte administrative exorbitante qui s’appelle tenir sa comptabilité.
Il paraît même que certains y ont pris goût et en extrait des éléments pour en faire des indicateurs de leur tableau de bord, sans lesquels ils ne pourraient savoir à tout moment quel est l’état de santé de leur entreprise.

Il se trouve que l’environnement sociétal des entreprises a changé et que sous la pression d’une opinion publique composée de citoyens-consommateurs, de nouvelles exigences sont apparues qu’on a regroupé sous le vocable générique de responsabilité sociale et environnementale des entreprises.
Evidemment cette responsabilité voit son périmètre dépendre du cercle d’influence de l’entreprise en question. Les fameuses PME et TPE dont parlait ce jeune homme qui manifestement n’a jamais mis les pieds dans une entreprise sauf pour y faire des selfies, peuvent difficilement revendiquer une aire de responsabilité extérieure à leur cercle étroit de clientèle, un peu à l’environnement naturel pour certaines dont l’activité de production pourrait s’avérer polluante.
Par contre les ETI et à plus forte raison, les groupes mondiaux peuvent difficilement s’exonérer d’une responsabilité étendue et c’est là-dessus que leur devoir de compte-rendu est sollicité. Au même titre que les documents comptables, ces reportings extra-financiers font partie du devoir de transparence des entreprises.

Mais sans aucun doute, les plus éclairés parmi ces patrons vont se rendre compte à quel point l’attention qu’eux et leurs équipes apporteront à l’élaboration et à l’analyse de ces données peut constituer un bon outil de pilotage tactique voir même d’orientation stratégique. C’est un peu ce que dit cet universitaire https://theconversation.com/Directive CS3D : le devoir de vigilance voté, les directions achats des entreprises vont prendre du galon Publié: 6 mai 2024, 11:35 CEST Mis à jour le : 6 mai 2024, 13:57 CEST en focalisant sur une fonction devenue essentielle, la fonction « achats » dont les crises récentes ont montré l’importance dans la résilience des entreprises.
C’est exactement ce que disait également il y a quelques années, un autre universitaire https://www.societal.fr/Patrick d’Humières : La durabilité de nos entreprises à l’horizon 2030 ne va pas de soi.. quand il appelait ces patrons à s’emparer de ces outils pour les intégrer dans leur panoplie de managers du XXI° siècle !

Il est dommage qu’un jeune homme né à l’orée de de siècle ne l’ai pas compris !

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Houille!Houille ! Houille ! revoilà L’atome !

La nouvelle est passée un peu inaperçue dans les tumultes qui agitent la scène internationale. Un sommet des 7 pays les plus importants de la planète vient de décider qu’il allait se passer des centrales à charbon d’ici 2035 https://www.novethic.fr/Les pays du G7 s’engagent à fermer leurs centrales à charbon d’ici 2035 Publié le 30 avril 2024.
Compte tenu de l’importance qu’a eu le charbon dans le développement des économies européennes et nord-américaines à partir du XIX° siècle, cette décision reste historique même si le charbon n’est plu qu’anecdotique dans certains pays de ce cénacle.
Les grincheux râlent déjà sur le ton « 2035 ? C’est trop loin. Il faut aller plus vite ! » Ben voyons ! Nous sommes déjà en 2024 et réfléchissez un peu à des projets qui auraient été initiés il y a 11 ans , en 2013 donc. A cette époque l’EPR de Flamanville était déjà sur les rails depuis 7ans et devait être la concrétisation d’un projet né à la fin des années 80.

Ce petit rappel permet de relativiser l’échelle du temps. 10 ans ce sera très court pour faire la soudure.

Tiens, voilà un mot que je n’aurai pas du écrire aprs avoir parlé de Flamanville, c’est un peu comme parler de corde dans la maison du pendu.

Mais après tout, cela tombe que j’ai abordé la question du nucléaire, car c’est justement grâce au nucléaire que les puissants réunis en G7 estiment pouvoir relever le défi de la transition hors du charbon.
La France pense bien évidemment à son projet phare, l’EPR, qui, une fois sorti du marasme des prototypes, espère connaître des jours meilleurs.
Mais comme le meilleur n’est jamais le plus sûr, il vaut mieux avoir d’autres fers au feu. C’est le rôle que comptent avoir ces nouveaux jouets technologiques qu’on appellent les SMR, mini-réacteurs nucléaires si vous préférez.

Faisons le point. Tout d’abord de quoi parlons-nous? Il semblerait qu’il y ait autant de conception de ces SMR qu’il y a de porteurs de projets.
Si on prend le cas de la France qu’y a-t-il de commun entre le projet porté par EDF qui pèse 300 MW et celui porté par une jeune pousse https://www.jimmy-energy.eu/notre-technologie qui ne développe que 20 MW.
Mais qu’il s’agisse d’un super groupe électrogène atomique adossé à un site industriel ou d’un équipement régional structurant, ces projets présentent toutefois des caractéristiques communes.
La première concerne la dissémination du risque nucléaire car, compte tenu de la taille et du coût vraisemblable de ces mini-centrales, les projets vont se compter par dizaines voire par centaines, rien qu’en France et ce seront autant de zones de risque car, aussi bien contrôlé soit-il, le processus nucléaire reste un processus dangereux et il n’est pas sûr que les standards de sureté seront toujours et partout au niveau optimal.
Une seconde caractéristique commune, c’est leur degré de maturité. Le premier sur la ligne de départ, c’est le plus petit https://www.ouest-france.fr/Jimmy dépose la première demande d’autorisation en France pour un mini-réacteur nucléaire Publié le 29/04/2024 à 17h55, mais compte tenu des méandres administratifs, il ne pourra se mettre en branle au mieux qu’en 2027. Quant à produire réellement, cela dépendra de la capacité de passer de l’expérimentation à l’implémentatuion. Quant à Nuward, il n’est pas encore né qu’il coûte déjà cher https://www.euractiv.fr/Petit réacteur nucléaire : 300 millions d’euros d’aides d’État pour le français Nuward 29 avr. 2024et ceci, ce n’est que pour la phase de recherche. Pour ce qui est de produire, l’horizon 2040 paraît une base qu’on peut qualifier de « raisonnablement otpimiste ».

Dans ces conditions parier sur l’atome pour pallier la disparition du charbon peut paraître un pari osé, d’autant plus que le charbon en Europe est encore présent dans un pays notamment, dont l’opposition au nucléaire est une constante, l’Allemagne.

Dans ces conditions, on comprend bien qu’il faudra trouver une autre alternative en complément des énergies renouvelables et ce ne peut être que le gaz. C’est en quelque sorte soigner la peste par le choléra. Il vaut mieux rester confiné ou devenir sobre.

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On aimerait y croire !

L’agriculture est accusée de tous les maux et, il faut le dire, souvent avec raison. Les agriculteurs, dont certains ne gagnent pas leur vie, dont certains, et c’est parfois les mêmes, sont mortifiés d’être ainsi cloués au pilori, font des efforts pour corriger les excès dont on accuse leur profession.

Du coup, comme tous les modèles économiques en mutation profonde, un tas d’innovations apparaissent, plus ou moins heureuses.

En voici deux qui méritent qu’on s’y arrêtent un peu.

L’agriculture intensive est malade de sa mécanisation et le coût du carburant n’est pas pour rien dans les difficultés financières conjoncturelles que connaissent beaucoup d’exploitation. En outre, le carburant utilisé fait partie des hydrocarbures les plus polluants et dans ces temps où tout se juge à l’aune du bilan carbone, c’est une tare irrémédiable. C’est pourquoi cette innovation peut se révéler intéressante https://www.reussir.fr/Bientôt un tracteur électrique breton ? Seederal lève 10,8 millions pour industrialiser son prototype Publié le 25 avril 2024 – Par David Laisney. Pour peu que l’électricité ne grimpe pas au plafond, c’est bon pour l’équilibre des comptes et pour peu que cette électricité soit « verte », c’est aussi bon pour le bilan carbone.

C’est pourquoi cette seconde innovation devient elle aussi intéressante https://www.revolution-energetique.com/Des panneaux solaires au-dessus d’une culture bio de céréales ? C’est possible26 Avr 2024. L’idée est bonne de protéger les cultures des intempéries avec une sorte de toiture en panneaux photovoltaïques. L’idée est même bonne de fournir à l’exploitant un complément de revenu garanti, en louant l’espace au-dessus de ses terres au producteur d’énergie. L’opération est donc doublement gagnante si les rendements augmentent et que dans le même temps, les revenus annexes augmentent.

L’opération devient même un véritable jackpot si on combine les deux, c’est à dire l’exploitation d’une parcelle en agrivoltaïsme grâce à un tracteur électrique alimenté par l’électricité fournie par les panneaux solaires. C’est une version technologique de l’autarcie agricole.

MAIS cela répond-il à tous les autres reproches que l’on fait au modèle agricole dominant ? Est-on moins productiviste ? Consomme-t-on moins de produits phyto-sanitaires ? ETC….

Ces questions-là méritent aussi d’être posées pour qu’on puisse vraiment croire à la vertu du nouveau modèle. Ceci est vrai pour l’agriculture mais aussi pour tous les autres secteurs de l’économie : l’important n’est pas tant l’innovation ou la combinaison des innovations mais bien la finalité de leur mise en œuvre.

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Mes brèves de la semaine du 29 avril au 5 mai 2024 (seconde volée)

La rationalité du marché

Un marché, dans une économie de marché est censé réagir à l’équilibre entre l’offre et la demande en ajustant le prix à la hausse ou à la baisse. Il paraît qu’il y a des raisons à ce mouvement brutal du cours du cacao https://www.lesechos.fr/Cacao : les raisons d’un plongeon historique Publié le 2 mai 2024 à 16:34Mis à jour le 2 mai 2024 à 17:26. Or, la demande ne s’est pas effondrée, ni la demande devenue soudain pléthorique. Il semblerait donc que, soit cette règle du marché est fausse, soit ces « raisons » ne sont pas raisonnables. Peut-être les deux d’ailleurs et cela s’appellerait, paraît-il de la spéculation.

une mentalité de maître chanteur

L’actuel premier ministre israëlien doit se faire du souci, non seulement les tribunaux de son pays, sont à ses basques depuis quelques temps déjà, mais en plus, au vu de ce que font les troupes qu’il commande, il y a un risque que les tribunaux internationaux lui demande des comptes au nom du respect du droit international. Sa réaction est surprenante https://www.lesechos.fr/Guerre Israël-Hamas : en cas de mandat d’arrêt contre lui, Netanyahou menace de punir l’Autorité palestinienne Publié le 2 mai 2024 à 16:58Mis à jour le 2 mai 2024 à 17:55. C’est un peu comme le petit casseur dans la cour de récré qui, si le pion envisage de le punir, prend le plus jeune par le cou et menace de le tabasser si on le touche. Ce n’est pas admissible quand il s’agit de délinquance juvénile, alors s’agissant d’un septuagénaire…

900 milliards de bonnes raisons de le faire

Les investissements nécessaires pour atténuer les effets des changements climatiques et préparer la transition/bifurcation de l’économie vers un modèle plus vertueux représentent environ 1000 milliards de dollars par an. Et pourtant, les gouvernements ne font rien. Or la solution est à portée de main https://www.actu-environnement.com/Le chiffre du 30 avril 2024 : 900milliards de dollars. Il suffirait que les pays puissants de ce monde se mettent d’accord. Du coup, Patrick, ça ne servirait à rien de partir à New-York

Sans experts, pas de politiques. Oui ? Et alors ?

Pour agir les politiques demandent qu’on éclaire leurs choix par des informations fiables et réclament qu’on leur donne les moyens pour mener les actions que la situation exige.

Compte tenu des intrications de causes naturelles et anthropiques, ils ont donc besoin des lumières de la communauté scientifique pour comprendre pourquoi les choses vont mal et peut-être aussi ce qu’il faudrait faire pour que cela aille mieux. Les scientifiques ne sont jamais avares de diffuser leurs savoirs, du moins quand on le leur demande et donc, sans entrer dans une République des savants, ils ont imposé dans le débat un corpus considérable de connaissances. Le problème est que, en le faisant, ils espéraient que cela ferait réagir ceux qui sont en capacité d’agir. Les réactions furent rapides…mais verbales. D’où cette réaction https://www.lemonde.fr/Climat : « Une défiance grandissante s’installe dans notre communauté scientifique vis-à-vis du pouvoir politique » Publié le 18 avril 2024 à 06h00, modifié le 18 avril 2024.

Résumons : nous savons pourquoi ça marche mal, nous savons comment ça pourrait aller mieux, nous avons vu dans le paragraphe précédent qu’on pouvait trouver les moyens d’agir. Qu’attend-on ?

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Mes brèves de la semaine du 29 avril au 5 mai 2024

Des indicateurs, ça sert à indiquer

On assiste à une prolifération d’indicateurs dans tous les domaines de la vie en société.
Il n’y avait donc aucune raison que les entreprises échappent à cet engouement surtout si ces entreprises revendiquent d’avoir une autre fonction que de gagner le maximum d’argent. Pour ce dernier critère, l’indicateur existe déjà depuis longtemps, c’est l’unité monétaire, ici l’euro, là le dollar.
Mais dès lors que d’autres critères d’évaluation entre en ligne de compte, les choses se compliquent et malgré les efforts de normalisation menés par ce think tank https://www.banquedesterritoires.fr/Des indicateurs pour mesurer l’engagement territorial des entreprises Publié le 26 avril 2024, je crains qu’il y ait autant de batteries d’indicateurs qu’il existe de projets d’entreprises et donc d’objectifs visés. Affaire à suivre quand même car elle porte en elle les ferments d’ne révolution copernicienne dans l’identification de la fonction entrepreneuriale.

E la nave va…

La mondialisation des échanges a eu pour conséquence immédiate la croissance exponentielle du transport maritime et son corollaire, une progression inquiétante des pollutions dues à l’utilisation d’hydrocarbures liquides pour faire avancer des navires de plus en plus grands https://www.lemonde.fr/« S’il ne fait rien sur ses émissions de CO₂, le transport maritime sait parfaitement qu’il ira dans le mur » Publié le 29 avril 2024 à 15h00. Techniquement, il existe des solutions pour remédier à ce problème mais elles ne présentent pas que des avantages.
Le gaz réduit les émissions de GES mais ne les supprime pas.
L’hydrogène peut être une solution mais comme tous les secteurs de la vie économique y voient LA solution, il n’y en aura pas assez pour tout le monde et on peut penser que les décideurs politiques privilégieront les usages industriels.
Restent les énergies renouvelables. La force vélique est en train de faire ses preuves, mais aucun voiliers ne pourra jamais rivaliser avec les porte-containers géants.
Alors, la seule option ouverte est donc de réfléchir aux moyens de reduire les échanges maritimes. C’est l’u des enjeux des relocalisation. Il n’est pas sûr que cela plaise à la Chine, au Brésil, etc…

L’extension de responsabilité

Ce qu’il y a de bien avec la RSE, c’est qu’il s’agit d’un concept à géométrie variable, dont l’envergure dépend fortement de la sensibilité de l’image à l’opinion publique. La décision d’Unilever https://www.carenews.com/Devoir de vigilance, Unilever, restauration durable… Les brèves RSE de la semaine de mettre le holà aux activités des lobbyistes que la société rémunère dès lors que ces influenceurs ne seront pas dans la ligne orthodoxe d’une bien-pensance écologique et sociale est l’illustration de cette extension de responsabilité qu’inspire les pressions de la société civile. Quand le consommateur devient acteur…

Un indicateur, ça devrait indiquer

Plus il y a d’information sur les étiquettes des produits alimentaires, moins celles-ci sont lisibles. La conséquence en est que ici, comme ailleurs, l’excès d’informations tue l’information. Si en outre, l’information est donnée sous forme codée ou de façon ambigüe, cela devient carrément de la désinformation https://theconversation.com/« Shrinkflation », « steaks végétaux »… un manque de transparence alimentaire au détriment du consommateur Publié: 29 avril 2024, 17:33 CEST. Cette semaine, un arrêté a été publié obligeant les industriels et les distributeurs à indiquer explicitement qu’ils ont pratiqué ce qu’on appelle justement la shrinkflation. Cela viendra s’ajouter au Nutriscore, à la valeur énergétique du produit, à sa composition, à la litanie des agents E quelque chose. Le plus simple ne serait-il pas qu’on revienne à des pratiques non trompeuses à la base.

Les fleurons « français » de l’économie nationale

Parce que le gouvernement français veut se faire plus pressant concernant le fonctionnement et les objectifs de sa société, le PDG de Total veut s’expatrier https://www.novethic.fr/TotalEnergies voudrait être coté à New York pour éviter les pressions climatiques des actionnaires européens Publié le 29 avril 2024.
Il y a, en plus, dans la démarche une forme de chantage idéologique vis à vis du gouvernement français. La rebuffade aurait même plus complète s’il avait annoncé vouloir être côté, non à New York, mais à Londres, histoire de jeter un peu de sel sur les blessures entre les deux places financières concurrentes de ce côté-ci de l’Atlantique.
Et dire qu’historiquement Total s’appelait « COMPAGNIE FRANÇAISE DES PETROLES ». Quand on y regarde de près que reste-t-il de français à ces 40 entreprises qui constituent l’indice phare de la Bourse de Paris puisque certaines sont immatriculées aux Pays-Bas ou en Irlande, que leurs dirigeants viennent d’un peu partout et que leurs propriétaires font preuve d’un grand cosmopolitisme.

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Mieux vaut en rire -rubrique décidément inépuisable- n° 361 : On est en panne de décence !

Le cas du patron de Stellantis a fait couler beaucoup d’encre car l’énormité de sa rémunération s’y prêtait. Mais il ne faudrait pas que le baobab de ses stock-options et autres retraites dorées cache le maquis de la rémunération de ses collègues.

Or celles-ci ne sont pas faméliques non plus, si j’en crois cette petite analyse menée par Oxfam France, qui se révèle à l’occasion être de plus en plus, une officine d’action politique https://www.ouest-france.fr/Les dirigeants du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que leurs salariés en 2022 Publié le 30/04/2024 à 03h58.

Il me semble que lors des débats de la loi Hamon sur l’Economie Sociale et Solidaire, un écart de rémunération de 1 à 20 avait été évoqué comme critère d’appartenance à l’ESS. C’est une bonne approche mais on m’objecte que c’est peu réaliste dès que la taille des entreprises croit car il faut pouvoir attirer les talents. Pas réaliste ? Quel est l’écart de rémunération entre un fonctionnaire au bas de l’échelle de catégorie C et le fonctionnaire le mieux payé, primes comprises. Compte tenu du maquis des primes, c’est difficile à dire précisément, mais indubitablement, on est en-dessous de ce rapport de 1 à 20. Et pourtant, la haute administration continue à attirer des talents, mais peut-être ces talents-là trouvent-ils aux postes qu’ils occupent dans la haute administration d’autres sujets de satisfaction que « gagner un max de fric ! ».

Mais puisque le poids du chéque est, pour les patrons du CAC 40, l’étalon de leur valeur, à leurs yeux et à ceux de leurs pairs, laissons le leur mais essayons quand même de garder un peu de décence.

La première option est de les inciter à travailler pour le bien commun mais comme cela ne se fera pas spontanément, l’Etat pourrait les y aider en ponctionnant, par l’impôt, un part de plus en plus importante de ce chèque au fur et à mesure que celui-ci s’alourdit. Cela s’appelle l’impôt progressif et la progression ne doit pas avoir de limite.

La seconde façon est déjà plus originale et m’est inspirée par cette nouvelle disposition d’une loi censée améliorer le fonctionnement du monde associatif https://www.la-croix.com/Entreprise : les jours de repos, nouvelle forme de don aux associations publié le 26/04/2024 à 08:54. Imaginez la fierté du patron de Carrefour, qui en donnant un seul jour de son travail permettrait le maintien d’au moins un salarié associatif pendant un an. Pour le patron de Stellantis, ce serait à vu de nez au moins 5 emplois associatif que son don préserveraient. Mais on me dit que mon raisonnement ne tient pas : un patron ne prend pas de jour de repos, il se ressource ! Qu’importe, ce serait alors une forme « d’impôt à la ressource » !

Mais puisque j’en suis à ce patron particulièrement exposé médiatiquement, je m’inquiète un peu pour lui. En effet, il justifie l’indécence de sa rémunération par l’excellence des résultats qu’il a obtenu. Au vu de ce qui s’est passé au premier trimestre, il va falloir qu’il songe à épargner https://www.optionfinance.fr/Stellantis dévisse : recul attendu de la marge opérationnelle au premier semestre Publié le 30 avril 2024 à 16h53. Et que se passerait-il si son groupe devenait déficitaire ? Devra-t-il rembourser son chèques et rendre ses stock options ? Je voudrais voir ça et si c’est le cas, cela prouverait (un tout petit peu) la moralité de ce système

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La dette ? Quelle dette ? L’Europe est-elle un tigre de papier ?

A ma connaissance, la zone euro est la seule zone économique à avoir posé des critères stricts de maitrise de la dette publique, les fameux « critères de Maastricht » (3% du PIB par an et cumul de la dette inférieur à 60% du même PIB). C’est quand même un peu plus rigide que le plafond d’endettement américain qui se négocie tous les ans au Parlement.

Grâce à cela (ou à cause de cela), la dette publique dans la zone euro reste dans des limites acceptables au regard des analyses de risque. Et même, la situation, qui s’était fortement détériorée en 2020/2022 du fait de l succession crise COVID-Crise énergétique, s’est aussi rapidement rétablie, au point que la zone euro dans son ensemble apparaît comme une zone saine aux yeux des prêteurs internationaux https://www.lesechos.fr/Le poids de la dette publique recule dans la zone euro Publié le 22 avr. 2024 à 16:06Mis à jour le 22 avr. 2024 à 17:54.

Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’y avait cette lancinante question qui taraude la gouvernance économique mondiale depuis deux décennies et le rapport Stern : il faut financer la transition écologique ou accepter de disparaître.
Les montants évoqués et depuis soumis à réévaluation, parlait de 1% du PIB (actuellement, on serait plutôt à 2%) investis chaque année dans le changement en profondeur de nos façon de produire et consommer.
Eu égard aux déficits publics évoqués ici et ailleurs (Etats-Unis et Chine) cela ne paraît pas quelque chose d’insurmontable. La preuve en est que aussi bien les Etats-Unis que la Chine s’y sont mis avec entrain.

Et du côté de l’Europe, alors ?

DE ce côté-là aussi, cela semblait bien parti. La Commission Européenne s’est lancé dans un Contrat Vert ambitieux dont le volet industriel était ce qu’on a appelé dans la langue commune européenne le « Net Zero Industry Act ». Or celui-ci semble mal parti aux dires des experts Le Net-Zero Industry Act aura peu d’impact sur les ambitions de l’industrie en matière de production, avertissent les experts – Euractiv FR publié le 26 avr. 2024 (mis à jour: 29 avr. 2024. La raison essentielle, telle qu’elle apparaît en filigrane dans leurs jugements, est l’ABSENCE DE FINANCEMENT, ce qui compte tenu de ce que je viens d’écrire plus haut, paraît inconcevable.

Deux rapports viennent d’alimenter ce débat sur la nécessité d’être ambitieux et contre l’aboulie qui saisit les dirigeants européens face à cette nécessité :
Pour rivaliser avec les États-Unis et la Chine, l’UE doit opérer un « changement radical », selon Mario Draghi – Euractiv FR 16 avr. 2024
Enrico Letta appellera l’UE à adopter une stratégie industrielle rivalisant avec l’IRA américain – Euractiv FR publié le 16 avr. 2024.
Tous deux arrivent à la même conclusion. Dans la mesure où il s’agit d’enjeux an moins continentaux, il faut une politique continentale et donc des financements continentaux. La boucle est donc en théorie bouclée puisque nous avons vu en début de cet article que les moyens de financer tout cela par la dette existent sans que cela ne remettent en question l’équilibre monétaire.

Evidemment les grincheux et les pingres s’empresseront de souligner qu’il n’est pas tout à fait innocent que ces propositions émanent de deux Italiens dont le pays s’illustre depuis des décennies par une gestion « laxiste » de sa dette publique. Peut-être ! Mais cela enlève-t-il de la pertinence à leurs analyses ? Je ne le pense pas. Alors pourquoi ne le fait-on pas ? Tout simplement est-ce parce que il manque la VOLONTE POLITIQUE COMMUNE de le faire.

Comme nous sommes en période électorale, tout est donc reporté au lendemain du 9 juin 2024. Mais que se passerait-il si une forte minorité de députés issus de partis climato-sceptiques entrait au Parlement Européen avec la volonté de bloquer toute initiative dans ce sens ?

Et du coup, qui osera encore prétendre que ces élections européennes sont des élections sans enjeu?

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La dette ? quelle dette ? La muraille de Chine est-elle en papier (monnaie) ?

Dans une grande partie de l’Océan Pacifique, le commerçant local, c’est « le Chinois ». Accessoirement, il fait office de banquier là où il n’y en a pas ou que les services bancaires ne sont pas adaptés aux besoins des populations locales ne répondant pas aux critères de solvabilité communs. Etre le banquier des petites gens est donc une tradition chinoise bien établie mais ceci présente un inconvénient, majeur pour tout créancier, car ce sont chez ces débiteurs humbles qu’il y aurait, parait-il, le plus de risque de défaillance.

C’est en se fondant sur ce type d’analyse que certains se sont crû autorisés de tirer le signal d’alarme https://www.lesechos.fr/La Chine prise au piège de ses crédits accordés aux pays en développement Publié le 29 déc. 2023 à 07:46Mis à jour le 29 déc. 2023 à 16:17. Certes les montants en cause, 180 milliards ne sont pas négligeables, mais enfin qu’est-ce au regard de la puissance retrouvée de l’Empire du Milieu, avec son PIB de plus de 20.000 milliards de dollars ?

Cela dit, si la Chine est un créancier soucieux, elle est aussi une débitrice dont les créanciers deviennent , eux aussi, de plus en plus soucieux https://www.lexpress.fr/Chine : un endettement massif préoccupant Publié le 05/12/2023 à 14:27. Le graphique qui accompagne cet article est en effet éloquent quant au montant de la dette globale chinoise, plus de 22.000 milliards de dollars, soit un niveau proche du niveau d’endettement des Etats français et Américains. Ce raisonnement serait vrai s’il s’était agi de l’endettement public uniquement , mais ici ce montant reprend non seulement l’endettement de l’Etat mais aussi l’endettement privé, ce qui change beaucoup de chose.

Cet autre article et le graphique qui l’illustre montre bien la différence https://www.lesechos.fr/Le FMI alerte sur l’emballement de la dette chinoise Publié le 13 sept. 2023 à 15:55Mis à jour le 13 sept. 2023 à 19:02. L’endettement public reste à un niveau décent au sens maastrichtien du terme, 77% du PIB. Par contre ce qui peut inquiéter, ce serait l’évolution continue et à tendance exponentielle légère de cette dette publique. Quant à la dette privée, l’intrication est telle entre la sphère privée et la sphère publique dans la Chine du Parti Communiste Chinois qu’il ne faut pas prendre à la légère cet endettement privé qui lui aussi devient inquiétant.

Mais alors faut vraiment être inquiet ? Si on s’en tient aux seuls chiffres, on a autant de raisons d’être inquiet que pour n’importe quel endettement excessif. Mais si on regarde de plus près les causes de cet endettement, il convient de moduler le jugement. En effet, la Chine, à l’instar des Etats-Unis investit massivement dans la décarbonation de son industrie et les quelques 800 milliards qu’elle y consacre ne sont peut-être pas pour rien dans cet emballement de la dette https://www.latribune.fr/Chine : les projets dans les énergies propres sont les locomotives de la croissance économique chinoise25 Jan 2024, 8:19. Il n’y a donc aucune raison d’avoir un jugement plus négatif sur la dette chinoise que sur la dette américaine, à ceci près que la monnaie chinoise n’a pas le statut de réserve de la monnaie américaine.

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La dette ? quelle dette ?  l’argent facile de l’oncle Sam

Il est bon tout d’abord de rappeler deux chiffres. Le premier concerne le montant de la dette publique américaine 35.000 milliards de dollars et le second la vitesse de son évolition 10 milliards par jour https://www.lefigaro.fr/Mille milliards de dollars de plus tous les cent jours… La folle croissance de la dette américaine Publié le 01/04/2024 à 17:02, mis à jour le 02/04/2024 à 11:00. J’en rajouterai un troisième : entre la fin de l’année 2022 et le mois de mars 2023, la dette publique américaine aura augmenté de 3.600 milliards de dollars, soit du montant de la dette publique totale de la France, dette accumulée depuis au moins 50 ans.

Du coup, l’observateur naïf est en droit de se poser ces deux questions
https://www.lemonde.fr/Dette : « Les Etats-Unis sont-ils réellement au bord de l’insolvabilité ? » Publié le 03 novembre 2023 à 12h00, modifié le 03 novembre 2023 à 15h14
https://www.melchior.fr/Faut-il s’inquiéter de la dette américaine ? Le 15/12/2023 Par Philippe DEUBEL IA-IPR honoraire de SES
car malgré le poids de l’économie américaine dans le monde, ces 35.000 milliards de dollars pèsent lourds, et représentent un pourcentage des richesse créées en un an pays le pays, comparable au taux d’endettement de l’Etat Français (aux alentours de 110/115 % du PIB).

Mais alors pourquoi n’y a-t-il pas panique ?
En premier lieu, parce que, comme en France, la solvabilité de l’Etat américain n’est pas en cause et c’est le point primordial sans lequel aucune gestion saine de la dette n’est possible.
En deuxième lieu parce que la dette américaine est libellée dans une monnaie en laquelle le monde entier a confiance, car de toute façon, elle n’a pas encore d’alternative suffisamment crédible. C’est un atout de pouvoir créer de la monnaie ; c’est entre nous soit dit, un peu le même procédé qu’utilisait Philippe Le Bel quand il rognait sur les pièces métalliques. Le « money easing » est une facilité aussi pour l’Etat fédéral.
La troisième raison est la qualité de l’économie américaine : même si l’empire américain n’est plus ce qu’il fut, il reste encore puissant et quelles que puissent être les manipulations monétaires, cela n’affecte pas profondément les fondements monétaires.
La quatrième raison, et peut-être la plus décisive, c’est la qualité des créanciers.

Ici, il faut que je fasse un petit détour pour analyser ce qui fait un bon créancier de la dette publique. Sa qualité première, c’est la confiance, comme il a déjà été dit. Sa qualité deuxième, c’est la patience, c’est à dire qu’il n’est pas pressé récupérer sa mise de part. Sa troisième qualité, c’est la tempérance car il ne recherche pas la maximisation de son revenu financier, un rendement sûr et garanti lui suffit bien. Sa dernière qualité, c’est la bienveillance c’est à dire qu’il ne veut et ne voudra jamais aucun mal à son débiteur étatique.

Or qui sont les détenteurs de la dette publique américaine ? Contrairement à une légende fréquemment répandue, la Chine n’est pas le principal créancier de l’Etat américain car elle ne détient qu’environ 3% de la dette publique, moins que le Japon par exemple. Les principaux créanciers sont les Américains eux-mêmes, à 80%, ce qui est rassurant, d’autant plus que l’Etat fédéral est son propre créancier, via des agences. C’est un peu comme la Caisse des Dépôts et Consignations en France qui détient une grande partie de la dette de l’Etat français.

Or ces créanciers nationaux ont toutes les caractéristiques du bon créancier décrites ci-dessus qu’il s’agisse de petits épargnants ou de fonds de pensions. Ce qu’il y a de savoureux dans cette situation, c’est qu’en payant les intérêts de sa dette, l’Etat fédéral ne fait en quelque sorte que rendre aux épargnants et autres investisseurs, une partie des sommes qu’il avait prélevées, via son système fiscal et ce qui serait encore plus savoureux serait qu’en cas de défaillance du débiteur « Etat fédéral », cet investissement ainsi perdu se transformeraient de facto en prélèvements obligatoires, c’est à dire en impôts confiscatoires. Avec un tel jeu de « je tiens, tu me tiens », vous comprenez bien que la dette américaine ne pose aucun problème.

Le seul problème qui peut apparaître, c’est la rapidité de l’évolution, car à un rythme aussi rapide, disons supérieur au rythme de création de richesse, il arrivera fatalement un moment où la garantie économique deviendra insuffisante (voir les déboires de Law en France) et où la qualité des créanciers va devenir plus douteuse car les placements dits « de père de famille » ne sont pas un fonds inépuisable.

Toutefois, cela n’en prend pas encre le chemin, car à côté des presque 100 milliards votés récemment pour aider l’Ukraine, Israël et Taïwan mais surtout aider à la prospérité du complexe industrialo-militaire, il y a surtout cette loi IRA https://www.lesechos.fr/IRA: le plan Biden provoque une marée de projets industriels aux Etats-Unis Publié le 15 févr. 2023 à 06:39Mis à jour le 15 févr. 2023 à 09:02 qui, dotée de 380 milliards sont en train d’apporter à ce ays le surcroît de croissance qui lui permet de rester au-dessus de la vague.

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La dette ? quelle dette ? : Un mal français

Le déficit de l’Etat français est devenu un sujet de débats politiciens cette semaine https://www.lesechos.fr/Budget : Bercy, épargné par les agences de notation, reste sous pression politique Publié le 28 avr. 2024 à 15:25Mis à jour le 28 avr. 2024 à 16:43 et donc on a eu droit à quelques analyses doctes et à beaucoup de sorties aussi caricaturales que péremptoires sur les dangers ou la nécessité de la dette publique https://www.letelegramme.fr/Les finances publiques promettent des débats tendus ce lundi à l’Assemblée nationale Le 29 avril 2024 à 07h47.

Il serait peut-être bon de prendre un peu de recul et voir comment l’Etat français a géré des déficits abyssaux dans le temps.
Il y eut la méthode Philippe Le Bon qui régla le problème en deux temps et autant d’ignominies. Tout d’abord, il trafiqua la monnaie en réduisant la teneur en métal précieux et il réinventa ainsi là la dévaluation monétaire.
Ensuite, il y eut surtout la spoliation de ses créanciers. Compte tenu qu’à l’époque les seuls qui faisaient commerce de l’argent étaient les Juifs, il les expulsa.
Mais surtout, il y avait ces chevaliers chrétiens qui, passant outre aux interdits papaux, faisaient aussi commerce de l’argent qu’ils avaient accumulé. Plutôt que de les rembourser, il leur fit un procès, lointain ancêtre des procès staliniens, en fit brûler les chefs et ensuite, ils disparurent tous. Plus de créanciers plus de dette. La méthode est expéditive et ne fut pas renouvelée, heureusement.

Puis, il y eut la longue litanie des rois post-Capétiens, les Bourbons qui, ayant tous, ou presque, une haute idée de la France vécurent tous, ou presque, au-dessus de leurs moyens. La dette devint telle sous le règne de l’avant-dernier de la série qu’un banquier écossais proposa une révolution folle, créer une monnaie de papier gagée sur l’activité d’une société privée, en l’occurrence la Compagnie des Indes. Evidemment, ce fut un fiasco, mais cette expérience prouva quand même eux choses https://theconversation.com/Gestion de la dette publique : que retenir des expériences de John Law au XVIIIᵉ siècle ? Publié: 28 septembre 2023, 21:14 CEST Mis à jour le : 4 avril 2024, 12:18 CEST, la première que la gestion de la dette joue essentiellement sur la confiance qui peut exister entre le créancier et le débiteur, la seconde que la garantie apportée devait quand même reposer sur une base réelle, l’activité économique et non sur la spéculation de ce que pourrait être l’activité économique.

Avec cette éclairage, on peut donc plus aisément se poser cette question que, naturellement les politiques évacuent car il est plus simple d’être simpliste pour éviter toute remise en cause https://theconversation.com/Dette de la France en hausse : est-ce un vrai problème ? Publié: 4 avril 2024, 18:26 CEST Mis à jour le : 4 avril 2024, 18:52 CEST.

En réalité, l’endettement de la Frace est à la fois soutenable et insoutenable. Il est parfaitement soutenable, dans les conditions actuelles tant que les conditions de la confiance sont réunies. Il est parfaitement insoutenable si la situation dure en l’état.

Celai fait 50 ans que l’Etat français produit, année après année, des budgets en déséquilibre, parfois réduit, parfois colossal, mais toujours, jusqu’à présent quand le dérapage a été trop fort, les experts de la rue de Rivoli, puis de Bercy, ont réussi à revenir sur une trajectoire acceptable. Cette acceptabilité se fondait essentiellement sur le sentiment qu’avaient les bailleurs que l’endettement correspondait peu ou prou à un pari sur l’avenir, ou si vous préférez que l’emprunt finançait des investissements.

Dès lors que les emprunts financent prioritairement du fonctionnement courant, il s’installe dans l’esprit des bailleurs de fonds, un sentiment de suspicion quant à la volonté des gouvernants de préparer un avenir meilleur. Et dès lors, la mauvaise spirale s’installe.

On en est là actuellement.

Reste quand même un point à analyser pour comprendre la soutenabilité de la dette : quelles sont les motivations des créanciers et d’abord qui sont-ils ?
C’est un point que j’aborderai quand j’analyserai deux autres dettes publiques dont la démesure abyssale pourrait faire peur, la dette publique américaine, et la dette publique/privée chinoise.

A demain si vous le voulez bien !

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