A la « belle époque » du gauchisme triomphant et du maoïsme germanopratin, une expression était « dans le vent » pour indiquer que la « Révolution » gagnerait dès lors qu’elle avait conquise les élites : « Le poisson pourrit toujours par la tête ! ». Evidemment ce mâle aphorisme tiré tout droit du petit livre rouge pour illustrer la puissance de la sagesse du président Mao était physiologiquement fausse puisque le poisson pourrit par les entrailles, comme chacun sait.
Mais peu importe, pour ce jour, cette maxime me sert bien pour illustrer mon propos et je vais donc l’utiliser.
Commençons par un constat évident quand on écoute ce que nous dit la jeunesse https://www.actu-environnement.com/Le nombre d’étudiants en formations environnementales a presque doublé en une décennie. Ce qui n’était qu’une curiosité il y a encore une décennie est devenu un cursus de formation reconnu, notamment parce qu’il y a des emplois à la clé. Il est peut-être fini le temps ou la secrétaire générale du ministère de l’écologie se désespérait à cause de la pénurie dramatique d’éco-toxicologues dans les Direction Interregionale de l’Environnement de son ministère.
Mais ce qui est plus marquant peut-être est que ce mouvement de la jeunesse touche toutes les sphères y compris le monde des grandes écoles et des filières prestigieuses, car financièrement juteuses, des universités. Qui aurait dit, il y a encore cinq ans que les les futurs traders issus de Dauphine auraient de telles exigences https://www.novethic.fr/les étudiants en finance veulent des formations à la hauteur des accords de paris ; Cela dit, ils ont peut-être entendu les messages du patron du plus gros fonds d’investissement appelant au verdissement des investissements. Ou peut-être tout simplement ont-ils la trouille voyant, par exemple, que les scénarios les plus pessimistes du GIEC sont en train de se réaliser , plus tôt que prévu.
Il n’est pas jusqu’à la plus emblématique école de commerce qui ne soit secouée par cette révolte verte des étudiantshttps://www.novethic.fr/sous la pression des « rebelles » de HEC, la grande ecole de commerce prend un virage écologique ambitieux. Il est vrai que entrainées par le mouvement social, cette école comme ses principales concurrentes ESSEC ou ESCP-Europe, avait déjà instillé dans leur enseignements des modules plus « responsables, RSE pour les unes ESS pour les autres. Mais là, il s’agit vraiment d’une révolte beaucoup plus profonde.
En cela, elle rejoint une autre révolte qui a agité une autre campus de la banlieue Sud de Paris à un jet de pierre de Jouy-en-Josas, celle des ingénieurs du pôle AgroParisTech du plateau de Saclay. Je ne suis pas sûr que tous les polytechniciens aient suivi mais si c’est le cas, cela annonce de sérieuses mutations dans les entreprises et la haute administration dans les années à venir vu la place que ces jeunes pousses sont appelées à y occuper.
Tiens, à propos de la haute administration, j’avais chroniqué il y a peu une autre révolte étudiante, celle des élèves de la DERNIERE promotion de l’ENA. Mais eux ne se battaient pas pour l’environnement de la planète mais, plus égoïstement, pour leur futur environnement personnel et les quelques places qu’on leur proposait, en « province », indignes de leur valeur, ou qu’on leur refusait, dans les « grands corps », Graal évident que chacun d’entre eux avait rêvé de toucher.
Mais peut-être que là aussi, me suis-je dit, les choses allaient changer puisque la nouvelle directrice de l’INSP, l’institut qui remplace l’ENA, présentait récemment son projethttps://acteurspublics.fr/ le projet de refonte de la scolarité à l’INSP. Heureusement qu’elle termine son propos par « en donnant à la transition écologique une place clé et transversale » sinon j’aurai eu l’impression de lire un projet de modernisation issu d’un rapport de consultant des années 2000
Nonobstant cette dernière remarque perfide, il est inéluctable que les corps enseignants de ces écoles d’élite vont devoir changer leur corpus référentiel et inventer de nouveaux contenus pédagogiques. Ils seraient, à cet égard, bien inspirés d’aller voir ce que font les organisations non gouvernementales qui inventent chaque année de nouveaux outils didactiques de lecture du monde https://www.novethic.fr/ENGIE, MICHELIN, AIRBUS… ces entreprises qui devraient sortir du CAC40 si elles payaient leur facture carbone. Certes, ils ne sont pas parfaits car ces ONG n’ont souvent pas autant de moyens que d’idées, ni de compétences que de bonne volonté. Mais en coopérant, je ne doute pas que ces deux mondes, le monde universitaires et le monde associatif, avec un peu de bonne volonté, élaborent des contenus pédagogiques d’une très bonne tenue scientifique.
Et c’est tant mieux car les plus gros employeurs actuels de ces jeunes talents sont à la recherche d’outils leur permettant de conserver dans ce domaine, l’excellence qu’ils ont acquis dans l’analyse financière, le conseil en organisation ou le coaching managerialhttps://www.actu-environnement.com/Décarbonation : les sociétés de benchmarking veulent mieux vérifier les ambitions climat des entreprises. A défaut, ce ne seront que des bricolages plus ou moins astucieux d’habiles consultants comme on en trouve dans les 4 grands cabinets de consultants dont le nom a récemment défrayé la chronique en pleine campagne présidentielle.
On ne saurait leur reprocher d’être à côté de la plaque puisque, à l’époque à HEC, Science-Po, X etc… on apprenait à leurs cadres plutôt l’excellence financière, l’astuce marketing ou la rigueur organisationnelle, pas à vivre avec la planète.
Tiens puisque je parles des cabinets de consultants, qui encombrent, semble-t-il les antichambres des ministères, cela m’amène à penser un peu à nos gouvernants et à leur rôle dans cette mutation des référentiels . Notons à ce propos, cette initiative https://www.novethic.fr/JANCOVICI, CYRULNIK, MEDA, DION,… 17 personnalités appellent le futur gouvernement à se former sur l’écologie ou une autre, dont j’ai entendu parlé également d’anciens députés, venant proposer aux nouveaux élus une formation aux enjeux du climat, de la biodiversité, de la gestion des ressources naturelles. Voilà là deux excellentes contributions à l’élévation du niveau de conscience de celles et ceux qui dans leurs ministères ou dans les deux hémicycles peuvent AUSSI contribuer à faire bouger les lignes, car après tout, tout ne se passera pas dans les entreprises.
La preuve en est donné par les Australiens, classés jusqu’ici parmi les gros dégoutants de la planète et qui sont en passe, si du moins ils vont jusqu’au bout de leurs ambitions affichées, de devenir des élèves modèles de l’OCDE https://www.letelegramme.fr/Gaz à effet de serre : l’Australie augmente fortement ses objectifs. On peut rêver que les cours du soir que proposent nos intellectuels ou nos ex-députés auraient les mêmes effets s’ils étaient suivis.
La rentrée des classes c’est fin juin.
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