Les grandes manœuvres dans les médias

Une grande réorganisation des groupes de médias est en cours en France autour essentiellement de deux pôles , le groupe M6, c’est à dire principalement les trois chaines de télévision M6, W9 et 6Ter et les radios autour de RTL, et le pôle médias de ce qui reste de l’empire Lagardère c’est dire notamment Europe 1, Paris Match et le Journal du Dimanche. Comme on le voit ce ne sont pas des petits morceaux. Mais le plus intéressant dans l’affaire c’est également l’identité des candidats à la reprise .

En ce qui concerne le groupe M6/RTL, il y a vraiment du beau monde : https://www.europe1.fr/Qui sont les six candidats au rachat du groupe M6 ?
Il y a d’abord le trio Niel-Pigasse-Crapton, les deux premiers s’étant déjà illustré dans le rachat du Monde en 2010 avant de créer avec le troisième un petit groupe média Mediawan qui serait le leader dans la production de fictions françaises, ce qui peut s’avérer utile dans le cadre de la montée en puissance de la plate-forme de streaming SALTO. Rappelons aussi que Xavier Niel est le patron du réseau de télécommunication Free et Matthieu Pigasse est banquier d’affaires.
Il y aurait aussi le groupe TF1 toujours propriété du groupe Bouygues, lui aussi fortement impliqué dans les réseaux de telécommunication.
Il y aurait également le groupe Vivendi, c’est à dire le groupe Bolloré mais je reviendrai plus loin sur ce cas.
Il y aurait enfin monsieur Kretinsky qui s’est fait connaître en France par une arrivée tonitruante dans le capital du groupe Le Monde. Il s’est également porté acquéreur des dernières centrales à charbon de France, histoire de rester dans la continuité de ce qui fit sa fortune dans son pays d’origine la République Tchèque. Il a également acquis Elle, Marianne et plus récemment le pôle magazines people du groupe Lagardère.

Justement, venons-y au groupe Lagardère qui fait l’objet d’une belle bataille entre trois poids lourds de la finance française https://www.lemonde.fr/Les destins d’Europe 1, de « Paris Match » et du « JDD » et les tractations entre Lagardère, Arnault et Bolloré
Manifestement la première fortune de France, Bernard Arnault, ne souhaite pas laisser les coudées franches au patron de l’un des plus puissants groupes de médias de France, Vincent Bolloré ; En effet la galaxie Bolloré, c’était jusqu’à présent, dans les médias Vivendi et son gigantesque catalogue de films, le groupe Canal + et Havas, un nom qui compte dans le domaine de la publicité.
Mais cela ne lui suffisait pas ; il voulait plus. Faute de pouvoir mettre la main sur les restes de ce qui fut naguère le groupe Matra, il s’est emparé d’une autre empire de presse https://www.lemonde.fr/Vivendi annonce avoir signé « une promesse d’achat » pour acquérir 100 % de Prisma Media C’est plus qu’un lot de consolation.
Accessoirement, je citerai quand même cette dernière information https://decouverte.challenges.fr/Drahi contrôlera 92% d’Altice Europe après son OPA qui ne vous dira rien si vous ne savez pas que Mr Drahi, c’est d’abord et avant tout le patron du groupe de télécommunication SFM, que Altice Europe c’est essentiellement BFM et RMC (télévision et radio) et qu’il y a plus d’un an, il s’est dessaisi de sa participation dans Libération au profit d’une fondation, censée garantir l’indépendance du titre, mais qu’il a financé largement au départ.

Mais vous allez me dire pourquoi tout cet étalage des mouvements de regroupements dans les médias français ?

A ceci, une raison principale. C’est l’annonce assez déstabilisante de l’état de la presse en Europe https://www.sauvonsleurope.eu/La liberté de la presse en Europe réalisé par « reporters sans frontières » qui place la presse française dans une position peu enviable, juste avant les pays d’Europe Orientale. Certes les journalistes français ne sont pas menacés physiquement, ni empêchés mani militari d’exercer leur métier ( du moins tant que la loi Darmarin ne sera pas votée), mais quand même le pouvoir économique de ces patrons de presse est tel qu’il est de nature à brimer leur liberté.

Notamment, un de ces patrons de presse s’est beaucoup illustré ces dernière années :
2015 Canal+ : Bolloré accusé d’avoir censuré un documentaire
2016 Crédit Mutuel: plainte contre Bolloré pour censure – Le Figaro
2017 Bolloré, l’affairiste par la censure – Chronique des médias – RFI
2021 Edgar-Yves : double censure d’une blague sur Bolloré et la …
« Il y a une vraie censure qui vient d’en haut » : Canal+ accusée …
Certes, ce ne sont que des articles de presse émanant de médias concurrents mais cette accumulation fait quand même tâche dans le paysage.

Et puis surtout compte tenu des intérêts commerciaux, financiers et industriels de ces patrons de presse d’un noiuveau genre, on ne peut pas totalement évacuer l’hypothèse qu’ils se servent de ces tribunes pour influencer, l’opinion publique voire le pouvoir politique en faveur de leurs intérêts privés.

Cela dit ce ne serait pas nouveau. Déjà, avant guerre, les grands patrons industriels avaient leurs journeaux et c’est justement pour lutter contre ces manipulations de la vie démocratique qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les gouvernements issus du Conseil National de la Résistance avaient édictés des règles très strictes en ce qui concerne la possession de journeaux et les concentrations dans la presse, règles bien oubliées depuis :1945, c’est si loin !

Par contre 2022, c’est tout proche et le journal Le Monde n’a peut-être pas tort de lancer un début d’enquête sur les conséquences politiques de ces grandes batailles dans les médias https://www.lemonde.fr/Emmanuel Macron et la bataille des magnats des médias

N’oubliez quand même pas à qui appartient Le Monde !

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