Mille milliards de mille sabords… !!

Pour une fois, je ne vais pas m’appuyer uniquement sur des articles de presse pour commenter l’actualité mais aussi sur des sites militants . Les uns comme les autres ont besoin de titres accrocheurs pour être lus et donc véhiculer plus souvent des slogans que des informations.

Je ne sais pas si vous vous souvenez du rapport Stern (2006) sur l’adaptation aux changements climatiques. Il chiffrait à 1% du PIB mondial l’investissement annuel minimal nécessaire pour rendre cette adaptation possible dans des conditions supportables. 1% par an, ce n’est pas très parlant ! Compte tenu du niveau du PIB mondial à l’époque, c’est à dire avant la crise des subprimes, cela faisait environ 500 milliards de dollars à injecter tous les ans dans l’innovation, l’adaptation de l’appareil de production et les infrastructures. La somme, à l’échelle mondiale, paraissait à l’époque colossale.

Depuis, l’addition s’est sérieusement salée. Les premiers à avancer un chiffre, dans l’après-crise furent un économiste et un météorologue https://www.nouvelledonne.fr/1000 milliards pour le climat et l’emploi, c’est possible ! Ils s’appuyaient sur une étude faite par la Cour Européenne des Comptes. Le besoin s’était sérieusement alourdi, d’une part les besoins avaient doublé mais en plus cela ne concernait que la « petite » Europe. Dans la mesure où cette zone géographique est avec l’Amérique du Nord, la principale cause historique des dérèglements, cela peut se comprendre que l’effort commence par là.

Mais ce chiffre de 1.000.000.000.000 euros fait écho à un autre chiffre de 1.000.000.000.000 euros qui est le montant que la BCE aurait donné aux banques en 2015 pour se refaire une santé après le crash de 2008 et ses conséquences, puis chaque année depuis 2017 jusqu’à ce que Draghi s’en aille.

C’était censé relancer l’investissement, cela a surtout servi à financer les jeux d’argent : 3.500.000.000.000 euros dans la nature, ça peut faire des dégâts ! Mais le mal est fait, on n’y peut plus rien, sauf essayer de rapatrier progressivement ces masses.Bon courage, madame Lagarde.

Cela dit, si une telle création a été possible à un moment donné, où l’économie mondiale allait plutôt bien, rien n’empêche de relancer la planche à billet, réflexe keynesien quand la récession s’annonce, et cela est possible comme le montre cet article de début 2018 https://ecologiepress.wordpress.com/1000 milliards d’euros pour le climat ? Ce serait donc possible si la volonté politique y était.

Or il semblerait qu’elle soit aux abonnés absents dans l’Europe issue des urnes au printemps 2019. En effet si la nouvelle Commission communique elle aussi sur le « mille milliards », on sent que ça manque de souffle, https://www.sauvonsleurope.eu/1000 milliards d’euros annoncés par la Commission Européenne pour financer la transition juste: le compte n’y est pas!. En effet, cette somme est sur la durée du mandat et en plus elle inclut le recyclage de crédits déjà engagés et l’attente d’effets de levier externes. On serait donc loin du compte. Adieu donc les « mille milliards ». Tant que les Etats mégoteront sur leur niveau de contribution au budget communautaire en discutant comme des agioteurs sur un taux de contribution entre 1% et 1,11%, il est peu vraisemblable que les mille milliards soient trouver sauf à considérer que TOUS les crédits européens sont flêchés « green deal » ce qui est pure « bullshit » comme on dit encore à Bruxelles depuis que les Britanniques sont partis.

Mais il semblerait que même ce chiffre de mille milliards soient déjà insuffisant.
En tout cas sa valeur symbolique reste encore très forte pour que d’autres lobbys l’utilisent pour leur communication.

Ainsi, prenons le transport maritime, qui ne représente que 3% des émissions mondiales de CO². Voici son chiffrage pour devenir vertueux : https://www.euractiv.fr/Réduire les émissions de CO2 de la marine marchande coûtera au moins 1 000 milliards de dollars . Certes ce chiffre est à l’échelle mondiale et s’échelonne sur deux décennies, mais il n’empêche : cela ne représente que 3% des émissions de CO².

Jusqu’où ira-t-on dans la surenchère ? Combien de mille milliards pour la mise à niveau des milliards d’habitation ? Combien de mille miliards pour la décarbonation de toute la production d’énergie? ETc…

A ce stade, l’évocation de ce chiffre mythique relève plus de l’incantation que d’un véritable projet politique et cela peut énerver. Et puisqu’il y est question de transport maritime, laissons le dernier mot au capitaine d’un vieux rafiot qui aurait bien eu besoin d’un lifting, le « Karaboudjan » : « mille milliards de mille sabords, qui est qui m’a foutu une telle bande de bachi-bouzouks, colocuthes, sapajous, moules à gaufre, tchouktchouk-nougats…. !! »

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