Il y a encore 75 ans notre vision du monde se limitait à l’Europe, à l’Amérique du Nord et quelques points isolés dans l’hémisphère Sud, sans compter évidemment « les colonies » qui n’étaient qu’un appendice de cette Europe.
Il y a 5 siècles, notre vision du monde se limitait à l’Europe et on ne parlait qu’à peine des « colonies » qui n’étaient déjà qu’un appendice, juteux, de cette Europe.
Aujourd’hui notre vision du monde est…mondiale.
Cela change évidemment la perspective mais quand on écoute et regarde le monde tel qu’il avance en cahotant, on ne peut s’empêcher d’avoir des réminiscence de ces passés plus ou moins lointains.
Ukraine, sudètes, Munich et république espagnole
Comment en effet ne pas penser aux Sudètes en entendant les revendications de la minorité russophones du Donbass ? Comment ne pas penser également à l’Anschluss avec l’Autriche ? Comment ne pas voir qu’il existe aussi des minorités russophones importantes dans les Etats baltes ? Comment alors ne pas penser aussi au couloirs de Dantzig en voyant l’enclave de Kaliningrad et au fameux slogan « mourir pour Dantzig » ? Comment du coup ne pas se souvenir aussi que Kaliningrad, c’est l’ancienne Königsberg , que Königsberg fut le siège du très puissant ordre des Chevalier teutonique dont la défaite face à Alexandre Nevski fut élevée au rang d’acte fondateur de l’Etat russe par la propagande nationaliste soviétique dont se nourrissent encore les actuels maître du Kremlin ?
Comment ne pas penser au départ anxieux de Chamberlain et Daladier vers Munich et les titres soulagés des journaux à leur retour « la paix est sauvé » en voyant Hollande et Merkel faire le go-between entre Kiev et Moscou et lire dans certains organes de presse dès le lendemain « un plan de paix est sur les rails » ?
Comment ne pas penser aussi à la guerre d’Espagne où un général factieux, Franco, lança un coup d’état contre un gouvernement démocratiquement élu, les républicains, en voyant des séparatistes factieux prononçait une sécession par refus d’une défaite électorale lors d’un scrutin démocratique ?
Comment ne pas penser alors aussi à l’attitude frileuse des démocraties européennes, Blum en tête, qui refusèrent aux troupes républicaines les armes qui leur manquaient alors que les totalitarismes italiens et allemands fournissaient un appui logistiques lourd à Franco en entendant les fortes réticences des états européens face aux propositions américaines d’armer les troupes régulières ukrainiennes pour contrer les milices du Donbass lourdement armées (par qui ?) ?
Guerre de religions, brigades internationales
Comment en effet ne pas penser à la sanglante guerre civile qui opposa catholiques et protestants dans la France de la seconde moitié du XVI° siècle en entendant ce qui se passe au Yemen mais aussi en Syrie, et même dans les émirats entre Sunnites et chiites ? Ce sont toujours des coreligionnaires qui s’entretuent au nom d’une vision différente d’un même dieu.
Comment en effet ne pas penser aussi à la très sanglante guerre de Trente Ans qui faillit mettre l’Europe Centrale à genoux parce que des souverains de confessions différentes mais d’une même religion s’affrontaient sous prétexte de religion mais pour des raisons bien plus matérialistes en voyant les tensions montaient entre les Etats, ou ce qui en reste, au Proche et Moyen Orient et dans la péninsule arabique, au nom d’une vision différente de l’Islam mais aussi pour la mainmise sur le pétrole ?
Comment en effet ne pas penser aussi aux Brigades Internationales qui volèrent au secours de l’armée républicaine en voyant des centaines voire des milliers de jeunes désorientés aller se faire tuer en Syrie dans ce qu’il croit être un juste combat ? J’admets que cette réminiscence plus que les autres que je viens de citer est peut-être mal à propos compte tenu du contexte des deux situations mises en parallèle, mais on ne peut pas ne pas y penser ne serait-ce que pour essayer de comprendre le ressort , bizarre et ténébreux, qui fait agir ces jeunes.
A vous de jouer, mesdames et messieurs le puissants
Dès lors comment ne pas espérer que ceux qui nous gouvernent aient une solide culture historique et que, eux aussi, aient ces réminiscences en tête quand ils se réunissent, à deux, à trois, à beaucoup, pour affronter ces situations toutes périlleuses à cent lieues de la « mondialisation heureuse » qu’on nous a promis ?
Comment ne pas espérer que collectivement, ils seront tirer les leçons de l’Histoire et éviter que nous revivions les conséquences funestes des mauvaises réactions des puissants d’alors ?
« L’intelligence ce n’est pas de ne jamais commettre d’erreurs, c’est de ne pas les renouveler » ai-je coutume de dire. Les générations passées ont payé lourdement les erreurs commises dans un passé plus ou moins lointains par des gens qui se croyaient tellement puissants mais ne savaient pas ce qu’ils déclenchaient. Les puissants qui nous dirigent maintenant ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas, eux. Mais peut-être ne serons-nous plus là pour le leur reprocher.