La haine de l’occident ou la peur de la démocratie ?

Il y a une quinzaine d’année, mon excellent ami, Jean Ziegler publiait un livre qui lui valut beaucoup d’inimitié https://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/13/la-haine-de-l-occident-de-jean-ziegler_1106182_3260.html. Le discours qu’il y tenait avait du mal à être entendu par un monde, pour faire rapide le bloc formé par l’OCDE, qui vingt ans après la chute du Mur de Berlin et alors que la Chine, la Russie, le Brésil , l’Inde et dans une moindre mesure l’Afrique du sud, regroupés dans l’acronyme BRICS, ne représentaient encore que la pointe avancée des pays dits émergents avait du mal à imaginer que son modèle ne fut pas parfait au point de croire que là était « la fin de l’Histoire »..

Ce qui s’est passé fin février aux Nations-Unies, une large abstention de ces pays, sauf la Russie évidemment, et surtout de la grande majorité des pays africains et du Sud-Est asiatique montre que quelque chose est en train de se passer dans l’organisation du monde.

Je ne suis pas loin de penser que dans l’intention prétée à Poutine de détruire l’Union Européenne https://www.lesechos.fr/« Ce que veut Poutine, c’est détruire l’Union européenne », il y a aussi beaucoup de cette haine rentrée, fruit de rancoeurs refoulées. De ce fait, il cristalliserait dans son agression inacceptable de l’Ukraine, tous les rejets que suscitent les comportements passés et présents de ce bloc occidental dans une coalition qui ne dit pas encore son nom et dont les ressorts sont en partie décrits par le livre de Jean. Si tel était le cas, nous serions naturellement en face d’une nouvelle guerre mondiale dont les mobiles ne seraient guère rassurant : la haine de l’autre ne peut jamais produire rien de bon

Mais il n’y a pas que cela et en l’occurrence, nous aurions bien besoin de réécouter ce que disait Dominique de Villepin au micro de BFMTV ce mercredi 23 mars de 8h35 à 9h00 https://www.bfmtv.com/replay-emissions/bourdin-direct/de-villepin-c-est-une-bataille-de-modele_VN-202203230138.html. Sa thèse est intéressante. S’agissant de l’opposition de deux modèles, on retrouverait là les ressorts de ce que fut la guerre froide de 1945 à 1989 : l’opposition frontale de deux conceptions de la vie collective et de l’organisation de la société. Ceci ouvre donc de nouvelles perspectives et la confrontation sera au moins autant idéologique que militaire. A chacun donc de montrer que son modèle est le meilleur et assure aux peuples tous les bienfaits que ceux-ci peuvent en attendre.

Dans ce contexte, que peut l’Europe dont la seule cohérence interne actuellement est d’être la première puissance économique du monde et de loin ?

Dans la mesure où la bataille idéologique en cours actuellement n’est plus l’excellence des modèles économiques et sociaux mais l’excellence des modèles politiques, le droit contre la force, les libertés individuelles contre la volonté collective, c’est bien sur ce terrain-là qu’il conviendra à l’Union Euroépenne dêtre active https://www.lemonde.fr/« La guerre en Ukraine a sonné le réveil de l’Europe ».Mais pour autant, il convient de ne pas être angélique en matière de géopolitique et se souvenirde ce disait le philosophe Pascal cité ici «  la justice sans la force est impuissante et la force sans la justice et tyrannique. ».

C’est un peu la conclusion que tire également cet article https://www.sauvonsleurope.eu/Versailles : le réveil du « Roi Sommeil »mais ce serait une erreur de croire que la constitution d’une Europe de la Défense suffirait à elle-seule à nous garantir.

En effet, mener un combat idéologique sur la base de valeurs, comme la justice, l’honneteté, la solidarité crée des obligations d’exemplarité. Or les exemples de dirigeants corrompus acceptant des retraites dorées au service d’entreprises qu’on qualifierait de maffieuses ne plaident pas en faveur d’un tel modèle, pas plus que l’existence de passe-droits pour les riches et les puissants, pas plus non plus que des règles du commerce international qui conduisent à la spoliation des pays détenteurs des matières premières au profit de quelques nations. Ni que l’égoïsme manifesté par certains pays dans la lutte mondiale contre la pandémie actuelle Ces contre-modèles sont autant d’images négatives renvoyées à ces pays qui, certes, n’aiment plus le modèle que représente les démocraties occidentales mais restent pour l’instant dans l’expectative. Les faire basculer dans un camp ou dans l’autre dépendra bien sur de la capacité à metre en cohérence les discours et les actes.

Dans une certaine mesure, il est heureux de ce point de vue que le Royaume-Uni ait quitté formellement l’Union Européeenne quand on lit cela https://www.lemonde.fr/« Le Royaume-Uni garde la porte grande ouverte aux milliardaires sulfureux ». Mais tout de même, malgré Boris Johnson le Royaume-Uni reste une démocratie occidental donc clairement identifiée comme appartenant à un des deux nouveaux blocs autour desquels va se réorganiser le monde de demain. Et cela nous concerne donc aussi un peu.

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