La nécessaire planification écologique de l’agriculture.

Après avoir été longtemps tabou, l’expression « planification écologique » est sur toutes les lèvres et dans tous les discours. Mais en général, c’est pour faire tout et n’importe quoi mais surtout pas de l’écologie.

Les derniers en date à se mêler au concert sont les caciques de l’agriculture française, son syndicat majoritaire et sa pépinières de jeunes dirigeants en tête https://www.euractiv.fr/Planification écologique : les organisations agricoles réclament une vision européenne le 5 juillet à 7:35. Il est vrai que malgré les gros efforts de communication pour se rendre sympathiques et leurs productions désirables, las exploitants agricoles ont encore l’impression d’être victime d’un désamour. Il est vrai aussi que le gouvernement, avec sa communication maladroite, leur a mis une sacrée pression en pointant du doigt la triste contribution de l’agriculture aux émissions de dioxyde de carbone, comme si le carbone était l’alpha et l’omega de toute planification écologique.

Et comme le nouveau patron de la FNSEA ne semble pas vouloir faire les choses à moitié, il s’est empressé de prendre ses responsabilité en mettant la pression sur …l’Europe à qui il demande plus de cohérence et sur ….l’Etat, à qui il demande plus d’argent.

Oui mais voilà, au niveau européen, il y a un petit problème de cohérence. Le mandat de la Commission actuelle avait commencé en fanfare, tout était vert avec des programmes alléchants « de la fourche à la fourchette », « fit 4 fifty five », « Pacte vert » mais rapidement quand on rentrait dans les détails, ça coinçait un peu.

Il y a à peine un an et demi, le prédécesseur de l’actuel ministre de l’agriculture ferraillait ferme à Bruxelles pour faire reconnaître l’excellence du système français de rémunération du captage de carbone dans les sols https://www.euractiv.fr/Stockage du carbone dans les sols agricoles : la France comme modèle pour l’UE 24 févr. 2022. Hélas, ce système, simple en apparence, est d’une grande complexité et surtout, il a également les défauts du modèle dont il s’inspire , le marché des quotas de carbone appliqué à l’industrie. Les partenaires européens sont restés sceptiques, c’est le moins qu’on puisse dire https://www.euractiv.fr/Stockage du carbone dans les sols agricoles : les détails qui posent problème 9 févr. 2022. Mais reconnaissons quand même à cette initiative, l’intérêt d’avoir mis au goût du jour la fonction « soldat du climat » de la profession agricole.

Et puis on est passé à autre chose. Le nouveau sujet de débat concerne les nouveaux organismes génétiquement modifiés https://www.letelegramme.fr/Pacte vert : Bruxelles lance la bataille autour des « nouveaux OGM » Le 05 juillet 2023 à 05h00. Rassurez-vous, il ne s’agit pas de ces êtres transgéniques dans lesquels ont mélangeait allègrement gènes animaux et gènes végétaux sans bien en maitriser les conséquences. Il s’agit, nous dit-on, de mutation qui auraient pu être naturelles. En cela, cela ressemble fort aux hybridations qui ont jalonné les progrès de l’agronomie. Et il convient de remarquer qu’au nom de l’écologie, « moins de pesticides, moins d’eau », la FNSEA et ses partenaires européens sont à fond pour. Mais il subsiste quand même un doute : et si ces nouvelles semences étaient aussi des OGM ?https://www.ouest-france.fr/L’Europe entend faciliter les NBT, sont-ils de « nouveaux OGM » ?Publié le 05/07/2023 à 09h50 On est loin là des considérations sur les soldats du climat : on parle de rendement croissant donc de profitabilité (on préfère parler plus patriotiquement de souveraineté alimentaire).

ET récemment encore, la droite européenne, alliée à l’extrême-droite a fait capoter en Commissions parlementaires, un projet de renaturation https://www.sauvonsleurope.eu/La transition climatique européenne dans le coma ? sous la pression…. notamment du syndicat dont la présidence est assurée par les dirigeants de la FNSEA

Avec cette course en zig-zag, il va être difficile de trouver de la cohérence à la stratégie européenne de transition de l’agriculture.

Manifestement, la plupart des dirigeants de grands pays agricoles sont dans la même incertitude sur les voies à prendre. J’en veux pour preuve la menace qui pèse sur les troupeaux bovins irlandais https://www.ouest-france.fr/Climat. En Irlande, les jours de milliers de vaches sont comptésPublié le 04/07/2023 à 09h30. Certes, on ne touche pas aux moutons et c’est tant mieux pour le Irsh stew, mais quand même avec ses prairies constamment arrosées, l’Irlande devrait rester un grand pays d’élevage mais qu’il se sente dans l’obligation de faire un holocauste bovin sur l’autel du climat, en dit long sur le désarroi.

Et pourtant, historiquement l’Union Européenne s’est doté depuis les origines ou presque d’un outil de planification de l’activité agricole, la Politique Agricole Commune (la PAC), qui a permis la régulation des marchés et la modernisation des pratiques, de 1962 à la fin de la première décennie de ce millénaire.

On ne peut que regretter la déliquescence de cet outil dont la phase ultime de désagrégation a été le retour à une planification nationale voulue notamment par la France, et son syndicat majoritaire, mais aussi certains nouveaux Etats Membres. Je suppose que ce n’est pas ce que voulait dire le nouveau patron de la FNSEA quand il réclamait de l’Europe plus de cohérence.

Notez qu’il y a bien un élément qui aurait permis d’avoir des lignes directrices fortes, cela aurait été de reconnaître, dans le système de rémunération que constituent les aides PAC , le rôle de « soldat du climat » et même plus le rôle de « jardinier de la planète » joué par la profession agricole. Mais de la part de la FNSEA, c’eut été insupportable puisqu’il s’agit d’une des revendications principales de leur principal concurrent syndical, la Confédération Paysanne, porteuse d’un projet d’agriculture radicalement différent et qui prend en compte tout ce qui ferait de la planification écologique de l’agriculture un projet cohérent.

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