Le moins qu’on puise dire est que la préparation de l’assemblée générale du mouvement impact France (ex-Mouves, mouvement des entrepreneurs sociaux) a mis le feu au poudre https://blogs.alternatives-economiques.fr/Pourquoi vouloir faire du Mouvement Impact France un concurrent du MEDEF?07/05/2023. Il est vrai que la proposition d’associer des entreprises qui n’ont rien à voir avec l’ESS (SNCF ou KPMG par exemple) aux instances dirigeantes pouvait paraître saugrenue mais se révélait carrément irréaliste si la justification de ce tohu-bohu était de devenir un MEDEF dissident . S’il s’agit de faire bouger les schémas syndicaux patronaux dans le cadre d’une organisation capitaliste de l’entreprise, il n’est nul besoin de prendre l’ESS en otage. Un dialogue interne au MEDEF sur les outils de la gouvernance est possible autour du noyau des entreprises à mission et des groupes ESS qui commencent à essaimer en région. La contagion peut se faire de l’intérieur
Evidemment, cette proposition a fait réagir et au premier chef, les membres ou ex-membres du Mouves lui-même https://www.lejdd.fr/26 entrepreneurs de l’économie sociale dénoncent l’évolution du Mouvement Impact France 07/05/2023 à 10:38. Compte tenu de la personnalité des futurs dirigeants du MIF et des futurs membres du CA de ce mouvement, un rappel des principes fixés par la loi de 2014 pour définir ce qu’est un entrepreneur social n’était pas inutile : l’utilité sociale de l’activité, une lucrativité limitée, une échelle des rémunérations resserrée de 1 à 10 et une gouvernance partagée. Il n’était pas non plus inutile de rappeler que derrière cet élargissement de la famille ESS, il y avait aussi une stratégie, la pollinisation de l’économie traditionnelle par l’ESS. Il est dommage que les signataires n’aient pas insisté aussi sur le fait qu’en l’occurrence la pollinisation peut AUSSI se faire dans l’autre sens, au mépris des principes.
Cela donne une grande impression de désordre qui permet d’entretenir la confusion https://www.linfodurable.fr/S’ouvrir aux entreprises classiques ? Les acteurs de l’ESS se déchirent16/05/2023. Mais peut-être cette confusion était-elle déjà en germe dans la loi de 2014 avec un statut des ESUS insuffisamment contrôlé et surtout des principes qui parfois n’étaient qu’imparfaitement respectés par les entreprises d’ESS statutaires (rémunération, gouvernance, démocratie interne).
La réplique de ces dernières n’a pas tarder https://www.banquedesterritoires.fr/Un appel à une économie sociale et solidaire « rassemblée, claire et conquérante » Publié le 16 mai 2023et il s’agit de plusieurs rappels, un rappel d’une ambition politique mais aussi un rappel des principes qui différencient fondamentalement l’ESS de ces avatars que sont les entreprises à impact ou entreprises à mission. La première est fondamentalement inclusive, socialement utile et n’est rentable que par nécessité alors que les secondes doivent être rentables par essence et cherchent dans ces impacts et ses missions un supplément d’âme ; un rappel aussi qu’au-delà des principes, il y a les pratiques et là il y aurait à redire ; un rappel enfin que la la loi de 2014 est actuellement en cours d’évaluation. C’est justement le bon moment pour se poser cette question des principes et des pratiques, des outils de mesure et des outils de contrôle, internes ou externes
En effet en lisant le texte même du manifeste tel qu’il est publié par Alternatives Economiques https://blogs.alternatives-economiques.fr/Manifeste pour une ESS rassemblée, claire et conquérante ! 15/05/2023 , on retrouve des noms et des entreprises dont on peut réellement s’interroger sur les pratiques en termes de rémunérations de leurs dirigeants, en terme de gouvernance associant toutes les parties prenantes, en terme même de démocratie interne voire de dialogue social. Mais en ce bas monde nul n’est parfait
Finalement, le président d’ESS France siffle la fin de la récré en rappelant que tout le monde est bienvenu dans la maison ESS mais à condition d’appartenir à l’ESS https://www.carenews.com/Jérôme Saddier (ESS France) « Tous ceux qui souhaitent entreprendre dans l’ESS, qu’ils choisissent ou non des formes conventionnelles, doivent trouver leur place dans ESS France », que la stratégie de l’ESS est de contaminer le reste de l’économie ici on dit polliniser, c’est plus poétique ; que pour se faire il faut lui aussi des alliés extérieurs, des gens qui pensent comme elle mais ne peuvent pas forcément agir comme elle car les contraintes de leur système, la prééminence du capital sur les autres parties prenantes, les entrave. En résumé, si l’ESS veut petit à petit imposer son modèle elle doit agir de l’extérieur du sytème capitaliste en montrant l’excellence de ses pratiques liée à la solidité de ses principes mais aussi de l’intérieur du même système en s’appuyant sur des acteurs puissants capables de faire entendre que l’utilité sociale, la justice sociale, la frugalité des actionnaires, une démarche inclusive sont des facteurs de progrès, y compris dans le modèle capitaliste
Du coup, on attend avec impatience les conclusions de l’évaluation de la loi de 2014 et des améliorations de celle-ci qu’elle pourrait inspirer