Réinventer c’est toujours inventer

La presse locale salue cette initiative https://www.ouest-france.fr/Dans ces petites communes, les agriculteurs peuvent échanger leurs champsPublié le 30/03/2023 à 08h00 comme s’il s’agissait d’une innovation. En fait, ces agriculteurs ne font que renouer avec une tradition ancienne qui se cristallisa dans les années 60, sous l’impulsion d’un ministre visionnaire, Edgar Pisani, dans ce vaste mouvement qu’on appela le remembrement. Certes à l’époque, cela ne se fit pas sans heurts car c’est une chose de faire des échanges de parcelles de façon volontaire, c’en est une autre de le faire sous la contrainte de la loi. Mais à chaque époque ses priorités. Dans les années 60, la priorité, c’était la productivité et il fallait absolument passer de la traction animale à la traction mécanique ; du coup les haies et chemins creux étaient un obstacle aux tracteurs. Aujourd’hui, les priorités sont sobriété et biodiversité. Et pour ces raisons, il faut regrouper les terres exploitées et y remodeler le terroir de façon à préserver ce qu’on appelle des couloirs écologiques, sans toujours savoir ce que cela veut dire. Il faut aussi y favoriser de nouvelles façon de produire, d’où seraient exclues a priori toutes les agressions chimiques qui peu à peu minent la valeur des sols cultivés.

C’est un peu ce que semble dire aussi ces jeunes qui voudraient se voir un avenir dans l’agriculture https://www.ouest-france.fr/Morlaix. Ces jeunes interrogent leur avenir dans l’agriculture Publié le 30/03/2023 à 07h10. Au-delà des débats nécessaires sur le type d’agriculture qu’il faudrait promouvoir -et là plusieurs modèles existent, dont certains peuvent cohabiter sans problème- il y a le problème fondamental de l’accès à la terre. On retrouve donc là la question basique qui taraude tout paysan. Or, comme je l’ai déjà souligné dans des billets précédents, la tendance est plutôt la concentration des terres aux mains d’entreprises dont la finalité est essentiellement financière. Le seul moyen de contrer cette tendance et par la même de franchir cet obstacle à l’installation est la création d’un outil de maitrise foncière. Le problème de la maitrise foncière s’était déjà posée lors de la loi Pisani et cela donna les SAFER, dont j’ai dit qu’elles avaient été complétement dévoyées, de réforme en réforme. Il faudrait donc refonder les SAFER, quitte à leur donner plus de pouvoirs, et surtout de moyens en matière de préemption. Evidemment ces SAFER ne pourraient plus être les SAFER Pisani et leur logique d’intervention devrait être inversées. Leur objectif ne serait plus de produire toujours plus avec toujours moins de bras, mais de produire toujours mieux avec plutôt plus de bras.

Finalement, ce qui manque à l’agriculture française, c’est un ministre et un syndicalisme visionnaires capable de réinventer un modèle qui permettrait une nouvelle révolution agraire, écologique cette fois.

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