Et voilà ! C’est fait ! Je l’avais rapidement évoqué il y a quelques mois lors du sommet pour un océan (en anglais « One ocean summit ») de Brest. Un accord a été trouvé à l’ONU pour la protection de la haute mer https://www.lesechos.fr/Accord historique à l’ONU pour protéger la haute merPublié le 5 mars 2023 à 11:49Mis à jour le 5 mars 2023 à 14:12.
En six mois, cela fait donc 3 accords internationaux qui sont autant « d’accords historiques » après l’accord qui a scellé la COP Climat 27 de Sharm-El-Sheikh et l’accord qui a scellé la COP Biodiversité 15 de Montréal. Il est donc rassurant de constater que malgré les graves dissensions qui déchirent le monde, les Etats arrivent à se rassembler dès lors que l’avenir de toute la planète est en jeu.
Cela dit si j’en crois ce qu’en dit un fin connaisseur des arcanes juridiques dans cet article, il convient quand même d’être circonspect : le texte final n’est pas connu, le texte n’a pas été formellement voté, les conditions de la ratification ne sont pas connues. C’est autant de points qui peuvent faire capoter sa mise en œuvre effective. Mais l’annonce de cet accord a été si solennelle qu’on imagine mal que certains se dédisent en catimini.
Mais quand bien même ces points étaient résolus, les choses ne seront pas réglées pour autant.
En effet, si l’accord est vraiment contraignant, quels seront les moyens mobilisés pour s’assurer de son respect et par quels voies et moyens réussira-t-on à punir les contrevenants. L’épisode récent, et encore en cours comme on dit dans la météo marine, des microbilles de polystyrène, poétiquement surnommées « larmes de sirènes », qui souillent les plages du littoral atlantique montre qu’actuellement, on n’est même pas capable d’identifier les auteurs d’une telle pollution. Et je ne parle même pas de l’incapacité de tous les Etats de lutter contre les ravages causés par les navires-usines de pêche qui saccagent la faune et la flore marine.
L’expérience des accords internationaux passés montre que l’autre point qui peut faire achopper l’unanimisme international, c’est l’argent. Au niveau de connaissance que les médias nous transmettent, il semblerait que ce point, abordé lors des négociations, n’est pas franchement développés dans cet accord. Mais je ne me fais aucune illusion : dans les mois et les années qui viennent, d’autres sommets, dit « de financeurs » viendront combler cette lacune. Et les milliards vont s’ajouter aux milliards.
Mais comme l’argent ne se fabrique pas, je suis prêt à parier qu’il s’agira le plus souvent de recyclage de financements déjà annoncés. Je ne m’en offusque pas. En effet, tout écologiste un peu conséquent sait très bien que toute action positive sur les océans a un effet bénéfique sur la biodiversité et sur le climat, que toute action sur le climat a des conséquences sur l’état des océans et la biodiversité etc… C’est de la pensée « systémique ». Quant aux politiques, s’agissant de financements, il s’agira plutôt pour eux de réaction « systématique » : le discours de recyclage des financements, ils l’ont déjà utilisés pour les politiques d’aides au développement et de façon systématique dès qu’il faut faire des plans de financement ambitieux, car l’argent ne s’invente pas.
Pour vérifier que l’accord international était bien salué dans le monde entier, j’ai fait un peu le tour de la presse francophone, et dans ma quête, j’ai trouvé ceci :
*https://www.levif.be/Accord de l’ONU sur la haute mer: « Un moment historique pour nos océans »le 5 mars 2023 à 08:38 Mise à jour le 5 mars 2023 à 13:56
*https://www.letemps.ch/Laurence Boisson de Chazournes: «Le traité sur la haute mer consacre l’évolution du droit à l’environnement» Publié dimanche 5 mars 2023 à 21:18 Modifié dimanche 5 mars 2023 à 23:22.
Ces deux articles me mettent en joie. En effet la Suisse, dont la flotte maritime est légendaire, salue un accord sur la haute mer ce qui montre que tout le monde peut être concerné. De même, comme le relate l’article de « le Vif », la Belgique ambitionne d’accueillir le secrétariat international de l’accord, alors que sa « haute mer » se limite à un face-à-face avec l’Angleterre et les quelques milles marins de hauts-fonds de la Manche qui les séparent, ce qui montre également une implication nationale bien au-delà des petites contingences domestiques.
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