Le citoyen à l’aide de l’Etat

Cela me navre profondément de constater, jour après jour, conférence de presse ministérielle après conférence de presse ministérielle, que l’administration et particulièrement la haute administration n’est plus en capacité d’alimenter le personnel politique en solutions pratiques et efficaces permettant de mettre fin aux effets les plus délétères de cette pandémie. Notez que le personnel politique a l’air, lui aussi, tout autant démuni intellectuellement, qu’il soit aux manettes ou plus confortablement dans l’opposition.

C’est un signe qui ne trompe pas : ces élites ne sont plus adaptées à une situation qui, si j’en crois les Cassandre épidémiologistes, devrait se répéter à intervalle régulier dans les années à venir.

C’est l’occasion qu’a saisi l’actuel président, qui ne manque décidément pas d’opportunisme, pour réaliser un de ses fantasmes les plus chers, détruire l’outil qui l’a fait roi, en supprimant l’ENA et dans la foulée les corps d’inspections interministerielles. La démarche est d’autant plus légitime qu’elle était attendu de longue date par celles et ceux qui voyez que ce moule ne fabriquait plus que des cerveaux suprbes mais souvent stériles. C’est cette stérilité que nous voyons à l’oeuvre actuellement.

J’ai déjà dit ici tout le bien que je pensais des orientations mais aussi tous les risques que comporte la démarche réformatrice du président si elle ne s’accompagne pas en même temps d’une révolution dans les mentalités. Le risque est en effet que les élites actuelles se coulent aisément dans le nouveau modéle pour en abatardir le sens.

Heureusement, Jupiter n’était pas le seul à penser « le jour d’après ». D’autres, qui tous font également partis de ce qu’on appelle communément « élites » ont également réfléchi à la façon dont on pourrait revitaliser l’action publique, au plus près des nouvelles réalités. Cela a donné notamment ceci https://www.novethic.fr/le collège citoyen de france, l’initiative privée pour répondre à l’élitisme de L’ENA

Le titre de l’article est accrocheur mais ne correspond pas tout à fait à l’objectif visé par ces personnes, issues soit des corps intermédiaires (syndicats par exemple), soit de la « société civile » (ONG, associations, collectifs, etc..), soit encore de la sphère économique (chef d’entreprise). Leur projet recrée en fait le concept d’Université Populaire, où les savoirs et les savoir-faire pourront s’échanger entre les sachants d’un côté et des acteurs engagés-citoyens actifs- de l’autre et vice-versa. Il est évident que cette démarche n’est pas antagonique de la création d’un INSP mais plutôt complémentaire. Sa grande force semble être que son recrutement reflètera, par essence, la diversité de la société française et qu’elle concernera des personnes qui, à défaut de tout savoir d’une réalité parce qu’ils l’auront lu dans les livres, connaitront plus ou moins intimement une partie de la réalité qu’ils devront traitter parce q’ils l’auront déjà expérimentée dans leur parcours de vie. Voilà donc une initiative à suivre de près.

Mais dans la société en mouvement, il n’y a pas que ceux qui pensent à demain, il y a aussi ceux qui pensent à aujourd’hui et qui prennent l’initiative lorsque l’Etat n’a pas été en état de le faire. Pour aller plus loin, ils se sont rencontrés et cela a donné ceci https://www.acteurspublics.fr/Société civile et administrations unies 48 heures durant pour concevoir des solutions à la crise. La bonne nouvelle est que les têtes chercheuses de l’administration se sont mises de la partie. Cela confirme que, décidément, il se passe quelque chose dans le dialogue devenu difficile entre l’administration et la société.

J’aurai bien également cité l’expérience de la Convention Citoyenne pour le Climat mais hélas, la phase de mise en œuvre a jusqu’à présent, peché par sa frilosité. Ceci devrait nous alerter quand même sur l’excès d’optimisme qui pourrait naître des initiatives sus-mentionnées. Il y a encore dans l’esprit administratif, quelques réticences à accepter que, dans une démocratie, les citoyens puissent, AUSSI, avoir raison.

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