Changer de capitalisme, sans changer LE capitalisme : Chiche !

Dites donc! il s’en passe de belles dans le capitalisme français, ces jours-ci. Alors que deux messieurs issus des Grandes Ecoles de la République se coltinent allégrément sur la place publique pour savoir qui va contrôler le capital de l’autre, ne voilà-t-il pas que l’un des deux chamailleurs lance tout à trac cette déclaration https://www.societal.fr/Antoine Frérot : Une entreprise est prospère parce qu’elle est utile ! Fichtre, ça c’est envoyé! Et c’est l’exact opposé de la justification que les capitalistes anglo-saxons donnaient de leur existence au siècle dernier « Nos entreprises sont utiles parce qu’elles sont prospères! » . Dites, cela fait un sacré changement de perspective. Encore faut-il qu’on dise maintenant ce qu’on définit par utile. Dans sa trbune Frérot lance quelques pistes, utilité sociale, utilité environnementale, bref, les thèmes à la mode. Mais cela a le mérite d’exister et d’ouvrir un débat sur cette notion d’utilité. Débat avec qui d’ailleurs ? Certainement avec ceux qui y voient une certaine utilité : les consommateurs sur la nature des services que rendent réellement les biens et services qu’on leur vend, les associations de défense de l’environnement sur l’inutilité, voire la nocivité, de certains processus de production sur le maintien en un bon état écologique de notre planète, les pouvoirs publics locaux sur l’utilité économique et sociale des entreprises dans les territoires où elles oeuvrent. Cela fait du monde autour de la table, chacun avec des attentes particulières.

En attendant ce grand soir des parties prenantes, les chefs d’entreprises, gens pratiques par essence se mettent eux aussi à phosphorer pour trouver des réponses intelligentes au grand défi qui se pose à la planète, le changement climatique https://www.novethic.fr/top départ pour la convention des entreprises pour le climat, le « renfort » du monde économique à la convention citoyenne Parsambleu ! Des chefs d’entreprises passent à la démocratie participative ! Bon ! Bon ! Ne nous emballons pas ! C’est une démarche très progressive et dont les buts sont clairement résumés en une phrase par l’auteur de cet article «  Si la CEC va servir pour transformer les entreprises en interne, le but est aussi de peser sur les politiques »Quitte à être contraintes par une réglementation plus rigoureuse, au moins qu’elles puissent choisir leurs chaînes. C’est un principe moteur du lobbying défensif. Mais ça vaut quand même mieux que de ne rien faire et nier toute responsabilité dans les évolutions en cours.

Mais quelle mouche a donc piqué ces grands patrons, ces petits entrepreneurs de vouloir à tout prix se donner une « nouvelle frontière » écologique ? La réponse avait été donné la semaine précédente dans l’éditorial de la lettre d’information Societal https://www.societal.fr/La crise actuelle a révélé l’incapacité grandissante de nos sociétés à mobiliser l’énergie du capitalisme Le titre est provocateur (volontairement ?, j’en suis pas sûr) mais la thèse défendue est intéressante. Le capitalisme a été un facteur de progrès social, thèse provocatrice, mais c’est parce que la société lui a imposé des règles le permettant. Voilà un bel hommage au rôle historique qu’a joué la social-démocratie et ses bataillons syndicaux. La suite de la thèse est de la même veine. Actuellement, les politiques publiques sont anémiées et incapables d’être cet aiguillon qui forcera le capitalisme à s’adapter et du coup, pourquoi voulez-vous que les entreprises fassent spontanément un effort.

En d’autres termes, cet article est un appel aux parties prenantes à augmenter la pression, à la fois sur les entreprises et sur les pouvoirs publics pour que les règles du jeu changent. Quel aveu sur l’incapacité du capitalisme à s’autoréformer ! Du coup, les consommateurs, les associations de défense de l’environnement, les collectivités territoriales mais aussi et encore et toujours les syndicats savent ce qu’il leur reste à fair pour faire entrer dans le logiciel des entreprises d’autres paramètres que les paramètres financiers. Evidemment il faudra pour cela créer de nouveaux instruments de mesure, mais après tout c’est pour maintenir la confiance de leurs actionnaires que les entreprises ont mis en place des procédures comptables auditables et auditées qui leur coûtent cher. Bâtir l’équivalent à destination de toutes les parties prenantes est un enjeu essentiel. Les entreprises ne le feront que si elles y sont forcées. On a vu en effet le peu d’enthousiasme avec lequel, elles s’étaient saisies des outils de la RSE comme le rapport annuel.

Après tout sera une question d’arbitrages entre les intérêts divergents des différentes parties prenantes. Malheureusement, l’exemple récent de la gouvernance d’un groupe comme Danone montre que dans l’ensemble, un groupe reste encore prépondérant, les actionnaires et leur retour sur investissement.

Du coup, je n’exclus pas une autre option, une économie où la détention du capital ne donne pas ce pouvoir ; elle porte un nom, Economie Sociale et Solidaire. Cette option est aussi sur la table même si elle pose d’autres types de problèmes notamment de gouvernance.

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