PAC, pas commode.

Dans mon dernier billet, j’évoquai brièvement la Politique Agricole Commune (PAC), le premier budget de l’Union Européenne. Ça tombe bien, la grande messe quinquennale vient juste d’entrer dans sa phase active de négociation.

Comme toujours, tout part d’une proposition de la Commission qui datait de 2018 déjà. Depuis, la nouvelle présidente a fait du Green Deal, la colonne vertébrale de sa politique pour les 5 ans à venir. Dans le courant de l’été, elle a même accepté de rallonger le budget de 26 milliards d’€uros pour arriver à un total respectable de 387 milliards d’€uros. Comment se décline cette ambition écologique de la Commission ? Officiellement, elle affiche les priorités suivantes :
souveraineté alimentaire
permettre aux agriculteurs de vivre décemment de leur métier
participer à la lutte contre le réchauffement climatique et la baisse de la biodiversité
offrir aux consommateurs des aliments de qualité
Evidemment, tout dépend de l’importance relative que l’on va donner à ces 4 priorités, mais il apparaît déjà que l’atteinte simultanée de tous ces objectifs paraît difficile sauf à changer radicalement de modèle agricole.

Ceci explique que, comme d’habitude, cela va être chaud : https://www.lemonde.fr/Négociations tendues autour de la nouvelle PAC européenne

Un peu partout, c’est la division. Il y a d’abord les bénéficiaires directs de cette politique qui, s’ils la jugent unanimement indispensables à l’équilibre financier de leur entreprise respective, ne sont pas d’accord entre eux sur l’évolution des critères d’attribution de ces aides. En effet l’agriculture n’est pas un monde homogène et les intérêts des uns et des autres divergent parfois fortement https://www.la-croix.com/Deux agriculteurs jugent la politique agricole commune
Difficile dans ces conditions de concevoir une politique agricole « commune ». Il faudra nécessairement faire des choix.

Du coup, les « politiques » s’en mêlent et c’est la même cacophonie, d’abord au niveau national https://www.euractiv.fr/La transition verte de la PAC divise les politiques français
mais aussi entre Etats Membres dont les agricultures sont encore plus dissemblables. C’est pourquoi il était presque impensable que les ministres de l’agriculture des 27 Etats Membres se mettent rapidement d’accord. Et pourtant, le miracle arriva le 21 octobre 2020 : https://www.lemonde.fr/Réforme de la PAC : les ministres de l’agriculture de l’UE trouvent un accord.

C’était tellement inespéré qu’un journal titra même, emporté par l’enthousiasme https://decouverte.challenges.fr/Accord européen sur la nouvelle politique agricole. C’était peut-être allé un peu vite en besogne car n’oublions qu’il s’agit d’un trilogue et que le Parlement a son mot à dire de même que la Commission qui peut objecter que les compromis obtenus le 21 octobre risquent de compromettre la cohérence du projet initial.

Mais on n’en est pas encore là puisque au même moment le Parlement entrait en débat et pas forcément de la meilleure manière : https://www.ouest-france.fr/Réforme de la PAC : 2 000 amendements et une belle pagaille au Parlement européen
Finalement, les députés européens sont arrivés le 24 octobre 2020, eux aussi à un accord « entre eux » : https://www.liberation.fr/Le Parlement européen accouche d’une nouvelle PAC dans la douleur

La négociation peut maintenant commencer avant d’arriver à ce fameux « accord européen ».

Nous verrons dans un prochain billet que ces différents compromis ne satisfont pas tout le monde loin s’en faut et que la mise en cohérence de tout cela pour en faire une politique communautaire exemplaire est encore loin. Ce sera d’autant plus compliqué que se profile à l’horizon 2023 la possibilité pour chaque Etat d’adapter à sa sauce la politique commune (c’est un peu contradictoire mais enfin, passons, c’est déjà assez compliqué comme ça). Notons toutefois que la France pour ne prendre qu’elle va décliner cette PAC selon ce qu’on appelle déjà un plan stratégique agricole : https://www.lemonde.fr/La France présentera son plan stratégique agricole en 2021dont les priorités seront :
revenus des agriculteurs,
compétitivité,
filières,
climat,
ressources naturelles,
biodiversité,
jeunes agriculteurs,
développement local,
exigences sociétales.
Sera-ce compatibles avec les quatre priorités affichées par la Commission dans son projet initial. Il y a de fortes chances car, comme dans les deux cas, il s’agit le plus souvent de mots-valises, chacun y met ce qu’il veut.

Sauf que comme les 27 se sont mis d’accord pour soumettre à l’évaluation préalable toutes les propositions dans le cadre de la politique communautaire « de la ferme à la table » ou si vous préférez « de la fourche à la fourchette », https://www.euractiv.fr/Agriculture durable : les pays de l’UE réclament des études d’impact, nous allons encore au-devant de longues discussions sur la mise en œuvre de cette nouvelle PAC.

Afin d’aider les experts des Etats-Membres à accorder leur violon, je leur conseillerai modestement de lire ce court articlehttps://www.euractiv.fr/Nouvelle PAC : « Surtout ne pas ressembler à l’ancienne mais surtout d’écouter cette vidéoAgroécologie : une solution pour l’agriculture de demain Marc Dufumier y explique en termes simples ce que pourrait être une agriculture qui permette à la fois :
la souveraineté alimentaire
aux agriculteurs de vivre décemment de leur métier
de participer à la lutte contre le réchauffement climatique et la baisse de la biodiversité
d’offrir aux consommateurs des aliments de qualité

CQFD ! Comme dirait Madame van der Leyen

NOTA : CQFD= Ce Qu’il Faudra Dépenser (bien si possible)

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