Certains voient dans l’économie sociale et solidaire, la solution pour une sortie de crise par le haut.C’est faire beaucoup d’honneur à l’ESS de lui décerner ce brevet de panacée et il me paraît illusoire de croire que du jour aux lendemains (même si ceux-ci doivent « chanter ») les valeurs qu’elle porte puisse supplanter celles qui supportent le modèle économique actuel que par commodité j’appellerai « capitalisme mondialisé ».
Avant d’entamer un débat sur l’évolution possible de l’ESS, il est quand même bon de rappeler de quoi on parle. A cet égard, l’interview de cet universitaire peut se révéler utile à certains pour se remémorer les quelques bases fondamentales de ce secteur qui puise ses origines dans le mouvement social, politique et syndical, de la seconde moitié du XIX° siècle http://www.aqui.fr/economies/Que se cache t-il vraiment derrière le sigle ESS aujourd’hui ?
Il y rappelle notamment trois piliers fondamentaux qui font de l’ESS un projet politique à part entière :
1°la non-lucrativité, c’est à dire l’absence de rémunération du capital apporté. Ceci induit que ces entreprises ont la nécessité d’être rentable mais que le fruit de cette rentabilité, le profit, est intégralement conservé DANS l’entreprise
2°la gestion démocratique et participative c’est à dire l’application du principe « un homme=une voix » et la participation des intéressés aux décisions qui les concernent, ce qui influe sur le mode de gouvernance des entreprises de ce secteur
3°l’utilité sociale c’est à dire la contribution sociale et écologique au fonctionnement de la société en général. Cela induit que les entreprises de ce secteur aient défini la nature de leur impact social et environnemental et se soient dotées d’outils pour le mesurer.
L’impact social, le nouveau Graal ?
C’est d’ailleurs à propos de ce dernier point que le journal La Croix publiait le 6 mars 2020, c’est à dire 10 jours avant le Grand Confinement, cet article relatant une initiative du syndical patronal de l’ESS, l’UDES https://www.la-croix.com/Mesurer l’impact social, un outil pour l’économie de demain
Excellente initiative de proposer aux entreprises de l’ESS un indicateur leur permettant d’évaluer leur performance en fonction de leur objet social et à partir d’indicateurs qui leur correspondent. En quelque sorte, ce serait, si l’initiative fait florès, une manière vertueuse d’élaborer leur « rapport RSE »,exemple dont pourraient s’inspirer les grandes entreprises qui ont également cette obligation de rapport annuel sur leurs efforts RSE, depuis le Grenelle de l’Environnement et qui y répondent souvent fort mal par manque d’expérience ou par mauvaise volonté.
L’impact social des entreprises semble être la nouvelle lubie médiatique des entreprises et des gouvernants. Cela remonte aux débuts de la précédente décennie avec la création du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux dont l’influence fut sûrement grande dans la rédaction de la loi sur l’ESS de 2014, dit loi Hamon, quand fut créé le statut d’entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) dont j’ai déjà dit tout le mal que j’en pensais Doux ESUS , ils ne parlent que de gros sous ! : le financement de l’ESS (suite et pas fin) Les conditions de renouvellement de cet agrément sont tellement floues qu’elles en disent long sur l’incapacité de l’administration à comprendre comment se mesure l’impact de ces entreprises sur la société, notamment en terme de solidarité active. Cela n’empêche pas les dirigeants d’aujourd’hui de vouloir embarquer tout ce beau monde sous une bannière au nom incongru « French Impact », qui fait écho à la bannière éclatante des start-up « French Tech ».
Les mots sans les faits pour les corroborer sont par essence, creux, ….sans impact.