Les communes de moins de 1.000 habitants voient leurs commerces se fermer les uns après les autres et dans le meilleur des cas, la vie de ces communes ne se maintient que parce le prix du m² constructibles est tellement bas que des urbains souvent de milieu modeste, ont « choisi » de venir vivre à la campagne. Ces néo-ruraux gardent pendant un certain temps les modes de vie urbains et l’essentiel de leur vie économique se passe dans le pôle urbain le plus proche ; donc si le village ne meurt pas complètement, il n’en a pas moins perdu une partie de son âme.
Mais certaines communes ne sont pas restées les deux pieds dans le même sabot et ont pris leur destin en main. Sans aller très loin, j’ai sous la main deux exemples à moins de 20 kilomètres l’un de l’autre :
https://www.ouest-france.fr/Locquénolé. Un avenir prometteur pour le Ty Guénolé
https://www.letelegramme.fr/Commerce. L’épicerie est en service au Cloitre-Saint-Thégonnec
Pour fixer les idées, Locquénolé est une commune de 791 habitants à 7 kilomètres de Morlaix et Le Cloître-Saint-Thégonnec est une commune de 663 habitants à 16 kilomètres de Morlaix.
Et ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard qu’à moins d’un an d’intervalle, deux commerces aient ainsi rouvert dans ces petits villages. Sans forcément y voir un lien de cause à effet immédiat, je ne peux m’empêcher que cela est en lien avec une étude-action menée avec des étudiants de Brest sur la ruralité et la revitalisation des communes rurales péri-urbaines. Et il n’est peut-être pas innocent non plus de signaler que cette étude-action a été menée par le pôle ESS du Pays de Morlaix (ADESS du Pays de Morlaix), qu’elle a pris au moins deux ans et que ces projets n’ont émergé qu’au bout de deux ou trois autres nouvelles années.
C’est pourquoi, j’accueille avec beaucoup de circonspection cette annonce faite par un des barons de la Macronie version « French Tech » : https://www.lanouvellerepublique.fr/Le groupe SOS veut ouvrir 1.000 nouveaux cafés dans les campagnes En effet, connaissant le fondement idéologique de ce groupe, fondateur et principal promoteur du concept « d’entrepreneur social », je crains fort que cet appel à projet ne soit en fait qu’une belle étude de marché et de repérage des lieux d’implantation possibles de franchises labellisés « groupe SOS ».
J’espère me tromper, mais il serait dommage que sous couvert d’une démarche dite participative, on implante dans les villages français en voie de désertification un succédané des franchises existant en ville sous une forme plus sophistiquée (je vous laisse trouver par vous-même, une bonne demi-douzaine d’enseignes correspondant à cette définition) qui soit vendraient du café, soit de la restauration, soit de l’épicerie. Je crains que les promoteurs de cet appel à projet aient oublié qu’une démarche associant les habitants prend nécessairement du temps et qu’il n’est pas sûr que des affirmations du genre « avoir choisi le concept du café plutôt qu’un autre commerce pour sa convivialité : « Ce n’est pas seulement un lieu où l’on passe : il y a des échanges et des rencontres. » Et puis « il est plus facile de vendre du pain dans un café que de vendre du café dans une boulangerie » soient de nature à ouvrir les débats.
Cela dit, je peux me tromper et alors ce serait tout à l’honneur du groupe SOS de mettre tout le poids de sa force logistique au service de projets, pensé, financés et gérés par les habitants eux-mêmes et donc forcément différents dans le Cantal et dans les Monts d’Arrée, dans les Côtes de Meuse et dans la Creuse.
La suite nous dira donc si ces initiatives locales de renouveau du monde rural participeront d’une démarche d’Economie Sociale et Solidaire venant des intéressés eux-mêmes ou alors d’une démarche technocratique impulsée par le haut visant à imposer dans les campagnes françaises un modèle unique, un peu comme dans les années 60 d’autres technocrates avaient envisagé d’équiper les communes avec des infrastructures socio-éducatives standardisées, identiques aux six coins de l’Hexagone., les mille clubs. Déjà les 1000!