Yen a marre des taxes, toujours et encore !

Il y a une quinzaine, je me moquais un peu de ces organisations agricoles qui d’un côté des taxes parafiscales à leur profit pendant que dans le même temps, avec une autre casquette, leurs dirigeants vitupéraient contre les taxes que prélèverait l’Etat Y en a marre des taxes !

Ils ne sont pas les seuls à râler contre les taxes surtout quand elles sont nouvelles. Ce faisant, ils s’inscrivent, sans le savoir peut-être, dans un courant de pensée économique, qu’on appelle le « libéralisme économique ». Or, longtemps, l’Organisation de Coopération et de Développement Economique a fait figure de temple du libéralisme économique lorsque ces études et avis défendaient continument la même thèse : il faut alléger les structures des Etats, il faut alléger la charge fiscale.

Quelle ne fut pas ma surprise de lire ce titre https://www.actu-environnement.com/Transport routier : l’OCDE plaide pour le retour de l’écotaxe
Sans blague ! L’OCDE prône le rétablissement d’une taxe et pas n’importe laquelle, la fameuse écotaxe qui, dans une région péninsulaire avait provoqué l’union sacré des agriculteurs, des transporteurs et des petits patrons, sans oublier une cohorte d’autonomistes régionalistes. Bref, rien que des gens qui vomissent les taxes surtout quand elles viennent de l’Etat (« français », précisent aussitôt les derniers cités). Aurais-je donc bien lu ? Cela méritait d’y jeter un œil plus attentif.

En fait, c’est beaucoup plus subtil que le simple rajout d’une couche fiscale sur un matelas déjà épais. Il s’agirait tout simplement de substituer une taxe au kilomètre parcouru à une taxe sur le volume de carburant consommé. Cela ne change pas grand’chose en fait puisque on peut penser que la consommation de carburant est proportionnelle à la distance parcourue. Mais sur le fond, cela permet de créer un lien entre la taxe et son utilité, en l’occurence entretenir le réseau routier détérioré principalement par le trafic intense des poids lourds.Or savoir à quoi va servir une taxe facilite l’acceptation de celle-ci. On retrouve là l’argumentaire développé en France lors de l’instauration de l’écotaxe ou la taxe poids lourd comme on l’a également appelé.

Cette proposition de l’OCDE fait écho à une déclaration récente du ministre en charge, à la fois des transports, de l’énergie et de la transition écologique et solidaire qui veut remettre la taxe poids lourds sur la table. Evidemment, ça n’a pas loupé, le collectif qui avait fait capoter le précédent projet d’écotaxe s’est manifesté pour dire qu’il n’en voulait toujours pas : https://rennes.maville.com/Taxe carbone. Le monde économique breton n’en veut toujours pas

Mais que veulent-ils donc ces Bretons ? Comme ils le disent, ils ne veulent pas être pénalisé dans leurs échanges avec le reste du monde qui passent, à les entendre, essentiellement par la route. Transférer une partie de ce fret sur le rail doit être dans le domaine du possible, puisque d’autres légumiers ont obtenu depuis longtemps qu’un train conduise tous les jours des centaines de tonnes directement des aires de production vers les aires de vente, Rungis en l’occurrence. C’est pour beaucoup une question d’organisation et un peu tout de même de volonté politique.

Mais cela ne répond qu’à une partie des objections des patrons bretons. L’autre objection est déjà plus fondamentale puisque elle touche aux dogmes : « il y a toujours trop de taxes qui briment l’entreprise. »

C’est pourquoi l’idée de substituer une taxe sur carburant à une taxe sur le kilomètrage devrait pouvoir les séduire, à condition évidemment que les modalités et les taux soient calculées de façon à rendre équivalente les deux modes de taxation.

Mais c’était oublier un point dont ces gens se gardent bien de parler : https://www.service-public.fr/Remboursement des taxes de carburant aux transports routiers

Ainsi donc, les transporteurs routiers, par un système un peu différents de celui des agriculteurs ou des marins-pêcheurs bénéficient DEJA d’une exonération totale ou partielle des carburants qu’ils consomment pour leur activité. Mais alors de quelles taxes parlent-ils lorsqu’ils disent « Le mouvement des Bonnets rouges puis celui des Gilets jaunes ont une origine commune : l’exaspération face à des taxes présentées comme environnementales mais dont les effets économiques sont perçus comme insupportables. » puisque eux, contrairement aux Gilets Jaunes ne paient pas de taxe POUR L’INSTANT.

A l’inverse, on peut trouver bien insolente leur proposition de substituer à cette taxe, punitive, une subvention, incitative. Ainsi, non seulement il ne veulent pas payer comme les autres mais en plus ils voudraient qu’on les paye, comme personne d’autre.

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