Le « pousse-au-crime »
L’encre du rapport de la Cour des Comptes était à peine sèche qu’un certain ministre se précipitait déjà pour essayer de forcer la décision, en l’occurrence obtenir la prolongation de la durée de vie des centrales
Sans attendre les conclusions officielles du rapport qu’il a demandé à un groupe d’experts, le ministre en charge de l’énergie et de l’industrie déclare déjà que le seul choix est la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires. Il faut dire que fort opportunément EDF, propriétaire de ces centrales a publié sur son site des chiffres imparables apparemment : la prolongation des vieilles centrales coûterait 6 à 8 fois moins cher qu’une nouvelle centrale.
Incidemment, cela prouve que les nouvelles centrales sont hors de prix et surtout il est difficile de comparer une paire de pneus rechappés avec une nouvelle monte en pneu neige. Le reste du rapport est à l’avenant. Il faut dire que la composition du groupe d’experts était telle que les rares experts indépendants ont préféré décliner la proposition faite par le ministre de servir de caution aux autres. Le résultat est donc très optimiste pour les nucléophiles, même parfois trop. Qu’on en juge : ce rapport affirme qu’AREVA peut produire 2 EPR pan ! En Normandie et en Finlande, on en rit….jaune.
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La biaiseuse
Pendant que l’un, le « méchant », se bat pour faire durer les centrales nucléaires, l’autre, la « gentille » mène « avec prudence » des études pour arrêter lesdites centrales. On est déjà frappé par le peu de cohérence des chiffres. Quand l’un dit que prolonger la vie de toutes les centrales coûterait environ 700 millions par centrale sans compter 10 milliards pour mettre le tout aux nouvelles normes de sécurité, l’autre nous dit que pour démanteler le tout, cela coûterait 18.4 milliards. Quelque part dans le rapport de la Cour des Comptes, le chiffre de 79.4 Milliards était avancé pour l’ensemble du programme de démantèlement (dont 62 Milliards pour EDF). On comprend que madame la ministre demande un audit sur les devis.
Mais la démarche est un peu biaisée. En effet, cela fait sérieux et responsable de demander un audit des devis mais comme personne n’est actuellement capable d’auditer sérieusement les devis en question, madame la ministre ne prend pas un grand risque. Toujours pourra-t-elle dire plus tard, qu’elle avait pris toutes les précautions.
En attendant, les deux ministres démontrent que leur numéro est parfaitement bien au point et qu’apparemment, ils sont férus de séries policières, avec d’un côté le méchant flic qui essaie à tout prix d’obtenir des aveux (« Oui, j’aime le nucléaire ») et de l’autre la gentille poulette qui amadoue et comprend les hésitations (« eh oui, c’est très compliqué tout cela. Vous avez raison mais cela risque de coûter plus cher que prévu»). En général, le « client » cède est accepte qu’on continue.
Alors, ce petit jeu de « stop ou encore » n’en serait pas un pour ce gouvernement? Ce serait « encore et encore »?
Et oui ! Ils ne veulent même pas toucher à Fessenheim.