J’ai déjà eu l’occasion de citer ici cet adage boursier « la Bourse monte au son du canon. » Il n’y a pas que la Bourse manifestement qui réagisse ainsi à l’agitation médiatique.
Prenez par exemple le feuilleton des notations d’agences. Ce n’est pas d’hier que la France est surendettée (Michel Pébereau le disait déjà en 2005), ce n’est pas d’hier que certains ont commencé à susurrer que « la prochaine crise sera celle de la dette souveraine » et ce de façon tellement insistante que la crise a fini par venir . Le résultat le plus tangible dans les prochains mois va être la remontée des taux d’intérêts. Et pour le plus grand profit de qui? Des prêteurs et de tous ceux qui spéculent sur les difficultés des autres. Tout cela parce qu’un tintamarre a été orchestré autour de cela depuis des semaines et des mois. Non qu’il y ait des raisons objectives mais en dramatisant, cela passe mieux!
Autre exemple, prenez le prix du carburant à la pompe. Depuis l’été 2008, dieu sait pourtant qu’il s’en est passé des choses dans le vaste monde et pourtant que la production augmente ou qu’elle diminue, que la consommation s’effondre ou qu’elle reparte, que les tensions diplomatiques s’atténuent ou au contraire s’exacerbent, par paliers successifs, le prix du litre de Super ou de Gasole augmente quasiment sans discontinuer. Il faut dire que les agences de communication (encore des agences) des pétroliers ne manquent pas d’imagination pour renouveler, bulletin après bulletin, les motifs d’augmenter les prix. Non pas qu’il n’y ait pas des raisons objectives , mais en dramatisant, cela passe mieux!
Et qui sont les géniaux tabellions de cette mise en scène dramatisante : les médias!!
Peut-être allaient-ils un peu loin les animateurs du Conseil National de la Résistance quand ils prévoyaient en 1944 de ne pas laisser la presse aux mains de groupes industriels. Peut-être exagérait-il, le Général de Gaulle de vouloir maintenir dans le giron de l’Etat la toute-puissante ORTF. Il n’empêche que livrés à eux même, les médias , quel que soit le support , se livrent souvent aux plus offrants C’est un peu le sens du message délivré par le Film « Les Nouveaux Chiens de Garde »de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat inspiré du livre éponyme de Serge Halimi (1998 réédité en 2005) .
Seuls semblent pour l’instant résister encore un peu, les médias Internet. Mais pour combien de temps encore, surtout s’ils dépendent de la publicité pour survivre. Le chantage réussi d’Areva sur La Tribune est là pour prouver que les médias sont sous influence et que les chiens de garde, maintenant comme à l’époque de Nizan, ont besoin comme tous les toutous, de leur pâtée quotidienne.