La Responsabilité Sociale des Entreprises a remplacé dans le discours rénovateur du patronat la défunte « entreprise citoyenne » . Pas tout a fait toutefois, car d’un discours à l’autre, les choses ont quand même pas mal évolué et les outils se sont sophistiqués au point que certains y voient des perspectives réelles de régénérescence de l’entreprise capitaliste
Mais pourquoi après une description aussi élogieuse des potentiels de la RSE, faite par « Démocratie & Entreprises », fais-je la fine bouche?
1°. Parce que pour l’instant cette obligation de rendre compte des efforts en matière sociale sociétale et environnementale ne porte que sur un petit échantillon d’entreprises, en gros le CAC 40, et même si le grand raout de l’environnement organisé par le ministre de l’écologie en 2008 a décidé que cela devait s’étendre, cela ne fait pas vraiment tâche d’huile, certains du côté de l’avenue Bosquet ayant déposé un peu partout des barrages anti-contamination.
2° Parce que pour l’instant les entreprises qui y sont soumises le font en fonction de leur bon vouloir et donc ne communiquent que sur le « Bien qu’elles font » qui peut cohabiter par filiales interposées avec les pires pratiques par ailleurs.
3° Parce que pout l’instant, il n’existe aucun cabinet indépendant, aucune expertise indépendante suffisament forts pour assurer le contrôle des informations fournies. Quand on sait que déjà sur des informations aussi standardisées et auditables que les données financières et comptables des officines aussi puissantes que Standard & Poors, Moody’s et consorts ne suffisent pas à contrer les volontés dissimulatrices de certains, on est en droit d’émettre des doutes sur la qualité des données fournies par ces rapports.
4°. On ne peut vraiment parler de responsabilité que lorsqu’on les assume, c’est à dire pour reprendre l’origine du mot responsabilité, qu’on accepte d’en répondre devant ceux qui sont concernés. Cela veut dire que les entreprises, ou plutôt les sociétés qui en sont le support légal, acceptent qu’ils existent d’autres interlocuteurs que l’actionnaire et que cela se traduise dans leur gouvernance.
La RSE, c’est mieux que rien, me direz-vous? C’est pire que rien si cela n’est que du « social/green/societal washing ».
Mais ça peut être quelque chose de formidable si…(faisons des voeux en ce début d’année)
Intéressant que vous linkiez l’article que vous critiquez, puisque vos lecteurs pourront se rendre compte qu’il n’est nullement question d’ « une description aussi élogieuse des potentiels de la RSE » mais bien des mesures à prendre afin d’en assurer son exhaustivité.
J’en cite pour preuve une partie de l’introduction, justifiant selon moi la ligne éditoriale:
« L’enjeu est par exemple de sécuriser les voies de recours ouvertes aux actionnaires, salariés et à certaines parties prenantes externes en cas de non respect de l’obligation de reporting social et environnemental. Il conviendrait aussi de reconnaître la responsabilité juridique de la société mère d’un Groupe à l’égard de l’action de ses filiales et de reconnaître un devoir de diligence de la société mère à l’égard des acteurs de sa chaîne. »
Dernière précision, la distinction entre social et sociétal n’existe pas en anglais, puisqu’ils cohabitent tous deux sous la dénomination « social », il est donc préférable de parler de « green / social washing » ou de « social / sociétal / éco-blanchiment ».
Bonsoir ma chère Léna,
heureusement que je mets en lien (« linke » comme vous jargonnez en franglais) tout article dont je commente le contenu. L’inverse ne serait pas « fair ».
ET cela permet justement de mettre en évidence ce qui peut encore nous séparer sur cette question. Vous semblez focaliser sur le respect ou non d’une obligation : mais c’est bien la moindre des choses que des entreprises respectent la réglementation qui s’imposent à elles et vous avez raison de souligner que c’est la première étape à franchir pour assurer l’effectivité (oserais-je « effectiveness »?) du rapport. Mon propos va au-delà, il touche aux contenus de ces rapports, à leur sincérité et à leur exhaustivité et au contrôle qu’on peut exercer dessus, ce qui est une deuxième étape.
Pour ce qui est du social/sociétal, je n’ai jamais admis que les Anglo-Saxons n’aient pas deux termes différents pour exprimer des préoccupations aussi différentes que ce qu’expriment en Français ces doublons Mais puisque vous souhaitez que nous soyons orthodoxe, soyons -le et j’accepte bien volontiers votre social/sociétal/ecoblanchiment qui traduit bien ce que j’écrivais un peu vite.
Mais si je soignais mon style sur ce blog mes plus vieux lecteurs s’en seraient aperçu. Il nous faut à tous un endroit où nous pouvons vivre ou écrire en débraillé. Ce blog est mon endroit d’écriture débraillée, ne vous en déplaise!
Tout ce que j’ai dit ici et avant dans le billet n’enlève évidemment rien au regard admiratif que je porte à la qualité du travail que vous avez contribué à fournir pour Démocratie & Entreprises
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