De quoi parle-t-on ? Les principes
Je ne vous ferais pas un grand laïus historique sur les origines de l’économie sociale ni une exégèse des querelles byzantines qui animent régulièrement le microcosme de l’ESS sur la nature et les principes des entreprises qui s’en revendiquent. Il suffit d’avoir en tête les trois ou quatre grands principes qui les animent :
Principe 1 : la liberté d’adhésion
Principe 2 : la gestion démocratique sur la base « un homme=une voix »
Principe 3 : la non-lucrativité du financement : en cas d’apport de capitaux, ces capitaux ne sont pas rémunérés et les excédents sont impartageables
Principe 4 : l’indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics (mais là ça se discute)
Principe 5 : L’utilité collective ou l’utilité sociale du projet
De quoi parle-t-on ? Les statuts
Du coup, cela englobe
toutes les coopératives (SCOP, coopératives agricoles, coopératives maritimes, coopératives de consommateurs, coopératives d’HLM),
toutes les mutuelles (c’est-à-dire essentiellement d’assurance) et
toutes les associations (les joyeux boulistes de Pezenas comme l’association de défense des petits porteurs d’action)
En effet, à part les syndicats et les partis politiques, ce sont les seuls statuts qui répondent à ces critères…..sur le papier.
De quoi parle-t-on ? La réalité
L’économie sociale et solidaire, qui a fini par s’organiser en France dans les années 80, revendiquent 10% du PIB produit, près de 800.000 entreprises et entre 1.700.000 et 1.800.000 salariés (sans compter les bénévolés).
Cela dit ces chiffres ne veulent rien dire :
Si dans ce PIB, vous mettez les mutuelles d’assurance genre MAAF, MAIF, MATMUT, MACIF, Mutuelles du Mans etc… et les mutuelles Santé, c’est vrai que cela fait du chiffre mais combien d’entre nous ont PHYSIQUEMENT assisté à une assemblée générale, même locale, de leur(s) mutuelle(s)
Si dans ce PIB, vous mettez aussi le Chiffre d’affaires des coopératives agricoles qui crient victoire lorsque la participation à leur AG dépasse les 5%
Si dans ce P.I.B, vous mettez le C .A du Crédit Agricole, des Banques Populaires, des Caisses d’Epargne, du Crédit Mutuel, du Crédit Coopératif, du Crédit Maritime et j’en passe, bref de toutes ses banques dont vous ignoriez même qu’elles aient le statut soit coopératif, soit mutualiste
Si, par contre vous ne pouvez pas mettre dans le P.I.B. car cet indicateur est un indicateur « imbécile », tous les services que rendent de nombreuses associations bénévoles dans les quartiers ou dans nos campagnes
Vous voyez bien que ces 10% n’ont pas de sens
Si vous demandez à un fonctionnaire d’une collectivité locale s’il sert le bien commun, en général, il vous répond « oui » (je suis peut-être optimiste, là !), si vous demandez au guichetier du Crédit Agricole s’il travaille à la réalisation d’un projet d’utilité collective ou d’utilité sociale, il est vraisemblable qu’il va aussitôt prendre son téléphone et appeler son chef d’agence « dites, Chef, il y a là un monsieur qui pose des questions bizarres. J’appelle la police ? ». Idem pour une femme de ménage des VVF.
Si par contre vous oubliez de compter ces centaines de milliers de bénévolés sans qui les clubs sportifs, les associations de quartier, les associations culturelles, et j’en passe, ne pourraient pas tourner
Vous voyez bien que les 1.700.000 salariés ne veulent rien dire
D’autre part, je connais des entreprises, imprimerie dans le Nord ou dans l’ouest de la France, textiles dans la région lyonnaise, agro-alimentaires dans le bocage breton-vendéen qui s’en avoir le statut adéquat se montre à la fois plus démocratiques dans leur fonctionnement et socialement responsables que nombre d’entreprises qui ont le « bon statut »
Donc le statut n’est pas forcément le bon critère. Alors comment faire pour les identifier et surtout en quoi peuvent-elles être un modèle, ces entreprises de l’économie sociale et solidaire ?
Dans un de mes premiers billets, j’indiquais que mes écrits étaient libres de tout droit et pouvaient donc être reproduits par qui le voulait à condition de citer la source. Ce n’est pas le cas de celui-ci dont je revendique la propriété intellectuelle et qui ne pourra donc être reproduit sans mon autorisation
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